Vice de forme
A deux reprises, le nouvel opus du Danois est un grand film. Son ouverture en premier lieu, amorcée par un long plan où n'apparaît qu'un écran noir. Portée sur quelques détails urbains envahis par la...
le 1 janv. 2014
82 j'aime
49
C'est bien du Lars Von Trier : une oeuvre sombre, profonde, fouillée, créative, originale, inattendue, sans concessions, extrême, impeccablement jouée, dérangeante. Un film porno à l'épaisseur psychanalytique intéressante, mais qui pour moi n'arrive pas à la cheville de la puissance émotionnelle d’œuvres comme Melancholia ou Breaking the waves. Sans doute car nous sommes malgré tout parasités visuellement par cette crudité des scènes qui, bien qu'intéressantes, floutent un peu le propos. Pour moi, LVT cherche ici à désacraliser le sexe, à le ramener à l'un de ses buts ultimes : le besoin de libération, d'abandon, de lâcher-prise.
Elle est bien rendue, cette lutte intérieure de Joe, entre ses pulsions de vie et de mort, on voit bien qu'elle ne prend quasiment aucun plaisir dans le sexe et que c'est davantage une manière d'autodestruction, jusqu'à ce qu'elle ait finalement résolu son complexe d'Electre, la mort du père, réelle mais surtout symbolique qui lui permet de s'ouvrir aux autres hommes, de "dépiédestaliser" la figure paternelle.
J'ai retrouvé la même ambiance étrange et presque malsaine, fantasmatique, d'Antichrist, mais je déplore le manque de beauté esthétique (même si elle n'est pas totalement absente) à laquelle nous a tant habitués le brillant danois. Je reste admirative de l'implication des acteurs, qui ont dû donner de leur personne - c'est le moins qu'on puisse dire (je précise que j'ai vu la version director's cut).
Bref, c'est une oeuvre intrigante, choquante, surprenante : je verrai le deuxième volet, dans lequel j'ai cru entrapercevoir que Gainsbourg "jouait" davantage mais qui paraît également un cran au-dessus question olé-olé. J'espère juste qu'on ne va pas sombrer dans le (quasi) porno pur, car ça me décevrait. J'attends davantage de subtilité de la part de Lars !
Ah si, mention spéciale à deux scènes/ trouvailles qui m'ont plu : le parallèle entre la pêche et la drague sauvage dans le train et l'épisode avec Uma Thurman et les enfants, où on hésite entre le rire et les larmes.
Un bon premier volet, mais qui ne restera pas dans mes annales (sans mauvais jeu de mots).
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Déceptions à hauteur d'attentes et Les films à ne pas voir en famille
Créée
le 22 juil. 2015
Critique lue 276 fois
4 j'aime
6 commentaires
D'autres avis sur Nymphomaniac - Volume 1
A deux reprises, le nouvel opus du Danois est un grand film. Son ouverture en premier lieu, amorcée par un long plan où n'apparaît qu'un écran noir. Portée sur quelques détails urbains envahis par la...
le 1 janv. 2014
82 j'aime
49
Nymphomaniac, ou le plaisir du contre-pied. Attendu au tournant et précédé d'une promotion délibérément pompeuse et choquante, le dernier film de Lars Von Trier (du moins sa première moitié) est en...
Par
le 7 janv. 2014
79 j'aime
18
On sait depuis longtemps à quel point LVT est un être malin et sournois, jouant habilement de la manipulation, de ses comédiennes ou de son public. Au terme d’une campagne plus qu’active pour son...
le 2 janv. 2014
61 j'aime
25
Du même critique
Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...
le 5 déc. 2015
80 j'aime
11
Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...
le 17 déc. 2015
77 j'aime
25
A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...
le 23 janv. 2015
71 j'aime
27