Suite et fin pour la fresque sexuelle de Lars Von Trier. Malgré tout il ne faudrait pas tirer un trait dessus tout de suite après quand la censure reste toujours et indubitablement présente, synonyme donc d’une œuvre entachée et qu’il faudra redécouvrir dans les prochains mois en version longue. Une censure qu’on pourra dire trop présente sur cette seconde partie qui, bien qu’elle reste de haute volée, donne un léger sentiment d’inachevé dans son propos, pourtant bien loin du côté très violent auquel on pouvait s’attendre. Le débat n’étant toujours pas "est-ce que Lars Von Trier à conçu avant tout son projet dans le but de choquer et d’être volontairement anticonformiste ?", il n’y aura aucune réponse à cela. Car loin d’être un produit opportuniste, ce second volet de Nymphomaniac est avant tout une réflexion pertinente sur le sexe.
Quand le premier volet traitait avant tout du sexe dans sa forme la plus pure et la plus commune, de manière volontairement explicite et compréhensible, cette suite qui à première vue devrait être dans la même continuité, prends un tournant bien différent. Loin de l’aspect conte de fée tragique du précédent, ce second volet préfère aborder le sujet de manière plus nuancée et surtout, moins romancée. Le chapitrage conséquent auparavant très présent fait désormais place à une narration à première vue plus classique mais qui arrive à toujours garder le fil. Le débat qui fait place entre Joe et Seligman étant toujours aussi intéressant, proposant nombre de points de vue et d’ouverture sans pour autant faire pencher la balance. Un exercice difficile quand les différents thèmes avec lesquels jongle le film sont sans équivoque et propices à une volée de bois vert, allant du sadomasochisme, au racisme ou encore la pédophilie.
Que les plus sensibles, à la vue de ces termes, se rassurent, le film n’est pas là pour en faire l’apologie bien au contraire. Ici le sexe est avant tout un instrument social, un instrument propre à chacun, que tel ou tel individu expérimente à sa manière. Vecteur de pouvoir pour certains, de domination comme aussi un moyen de découvrir ses limites ou de nouveaux horizons. Il est aussi bien philosophie de vie qu’incarnation de notre être et surtout, un moyen pour tout à chacun de s’imposer parmi les autres, que l’on soit considéré comme un paria ou non.
Loin de l’adolescence et de ses affres impertinentes, le sexe évolue au grès de notre vie vers de nouvelles formes, parfois bien loin de celles que l’on s’était imaginé. On appréhende ces nouveaux désirs, ils nous effraient et nous mettent au pied du mur jusqu’à ce qu’on les rejette ou les accepte. Ce qui pourtant, que l’on accepte ou non notre statut sexuel, nous mets toujours en situation de faiblesse, par la peur du regard extérieur. Et nous mettrons toute notre force de conviction afin de les tenir à l’écart de ceux qui nous entourent. En somme, le sexe se trouve être l’instrument le plus important de l’humanité.
Libre ensuite à qui le souhaite de voir ce second volet comme il l’entend, les interprétations sont nombreuses et le simple fait qu’il soit censuré impose à se poser une limite dans l’analyse du projet. Il est d’autant plus regrettable d’entendre un film critiquer le système actuel, cherchant à supprimer toutes formes de vices, quand lui-même à du s’adjoindre à la censure. Malgré tout Lars Von Trier à brillamment réussi son pari, bien loin des films auxquels on pouvait s’attendre, il a su avec justesse et analyse présenter le sexe sous une forme rarement vue et surtout, pertinente. Laissant à son spectateur le plaisir d’y voir ce qu’il souhaite, il offre une œuvre globale et importante en ces temps de morosité et de bonne mœurs, sans délaisser un aspect cinématographique plaisant et réjouissant.