Au fond, le dernier exercice de Von Trier est terriblement dans l’air du temps.
Il est arrivé à faire de son film quelque chose de suffisamment poisseux (j’essaie d’éviter l’image du bâton merdeux) pour que, quelque soit l’endroit par lequel on l’attrape, on se retrouve avec les doigts collants et odorants.
Avec un peu de cul qui se veut transgressif pour pouvoir choquer le bourgeois étriqué (ou surtout pouvoir traiter de tel celui qui avouera ne pas avoir aimé son film), et une grosse dose de politiquement incorrect, l’ami Lars était sûr de son coup. Par les temps qui courent, quoi de mieux, en effet, que de rameuter les forcenés de la liberté d’expression de tous poils, qui se montrent si tristes et frustrés depuis qu’on tente de les empêcher de traiter les noirs de nègres, les juifs de youpins, les femmes de putes (de Babylone, en l’occurrence) et les homos de petites fiottes ? L’humour décomplexé, ça fait 2000 ans que le blanc de l’église d’occident le pratique, on va pas commencer à lui mettre des bâtons dans les roues maintenant, au nom de la bien-pensance, merde !
Le volume 1 nous expliquait la différence entre l’antisémite et l’antisionniste, cette fois, nous apprenons que 95% des pédophiles sont des héros.
Chapeau l’artiste.
-Nympho en continu-
Chatte échaudée craignant l’eau froide, je n’aurai pas dû espérer un deuxième opus relevant la fadeur du premier.
Tous les sujets précédemment évoqués permettent surtout de dissimuler le fait que le double effort de Lars compose un dytique proche du ridicule.
Au moment de la scène qui montre comment Joe se retrouve dans l’état où elle est au début du film, j’ai été surpris que certains, dans la salle, lâchent une exclamation signifiant leur empathie avec l’héroïne. Cela semblait vouloir dire que ces spectateurs adhéraient à un récit à ce point déconnecté de toute cohérence.
Non content de se coltiner un vieux sage (alter-égo de LVT) qui intellectualise, tel une encyclopédie vivante, le récit décousu du parcours sexuel de Joe (véritable bite d’amarrage d’une caution artistique) on doit avaler que le personnage principal devienne soudain adepte forcenée du SM avant de se transformer en recouvreuse de dettes mafieuse qui n’hésite pas faire cracher ses débiteurs à coup de récits érotiques.
(à tel point que, quand, en fin de récit, Joe grimpe sur une colline pour enfin trouver l’âme sœur, j’étais persuadé qu’on allait la voir se faire attraper et sodomiser par un ours, puisqu’il ne manquait plus qu’un épisode zoophile pour compléter le catalogue exhaustif des déviances sexuelles des chapitres 1 et 2)
Chapeau l’artiste.
-Complètement larguée, la Charlotte. Aux fraises-
Alors que, le métrage progressant, je me trouvais de plus en plus au fond du trou, la performance de Charlotte Gainsbourg soudain m’interpella. Sans forcément vouloir me souvenir de la façon dont Serge qualifiait les actrices porno dans un échange devenu célèbre avec Catherine Ringer, je me suis demandé si ce n’était pas la façon dont Charlotte tentait aujourd’hui d’exister, suivant bien maladroitement une démarche provocatrice paternelle, en emboitant le pas du danois dans une bien triste démarche.
Si l’aspect pléthorique du casting a pu assurer au film de Trier un taux de pénétration maximal (à coup de raccords chronologiques plus que douteux) l’aventure de la version director’s cut non censurée se fera sans moi. Faut quand même pas me prendre pour une pipe, je ne me montrerai pas à ce point victime du baiser fatal.
D’autant que ce que j’avais fugacement apprécié dans le premier film est ici totalement absent à mon goût: aucune image léchée, aucun plan travaillé aucune fulgurance visuelle.
(Puis bon, l’auto-fellation consistant à citer Antéchrist, berck quoi)
Voilà. Je viens de me relire, et je me suis aperçu que l’aspect graveleux du film a déteint sur moi. Sans m’en rendre compte, je suis quand même arrivé à placer: au fond, avaler, chatte, bite, poil, trou, SM, pénétration, pipe, baiser, sodomiser, fellation et léchée.
Encore un effet secondaire du Lars. Chapeau l’artiste.