Qu'est ce qui cloche, Lars?
Pourquoi après un premier volet quasiment parfait, tu nous fais cet affront? Oui, tu aimes les affronts - et je ne parle pas uniquement de cette scène finale un peu gratuite - qu'on voit venir de loin en ce disant "Non, il ne va pas le faire". Eh bien si, il le fait. Et avec son aplomb de sale gosse encore. Je parle aussi d'un peu tout le reste. Tout ce qui était vraiment brillant et fluide dans Nymphomaniac (volume 1) et qu'on retrouve par moment dans cette suite, sans que cela ne fonctionne jamais vraiment.
J'ai perdu Nymphomaniac au moment où j'ai arrêté de voir Joe pour ne voir plus que Lars. C'est à dire assez vite ici. Il y avait dans le volume 1, cette scène d'ouverture énorme. Muette. Esthétique. Musicale. Une scène comme on voit rarement, qui capte tous les sens de façon incroyable et vous cloue au siège pour les deux heures qui suivent. Il y avait ce découpage en chapitres malin, bourré d'idées. Il y avait des moments d'une drôlerie inattendue, quand partout on nous avait vendu ça comme un "simple film trash" ou "le porno de Von Trier", ce que Nymphomaniac n'est pas. Je ne m'attendais pas à me marrer devant Nymphomaniac et pourtant, cette scène avec Uma Thurman est hallucinante. Il y avait les conversations avec Seligman, qui venaient ponctuer l'ensemble. Un ping-pong astucieux qui fonctionnait parfaitement, sans casser le rythme. Et puis, pour faire vite, il y avait ce final en apothéose. A la fois magistral sur la forme et sur ce qu'il disait d'une suite dont on savait qu'elle serait plus sombre, en tout cas moins "ludique". Les derniers mots prononcés par Joe étaient d'une force inouïe.
Alors quoi? D'où vient le problème? Dès le début du second volet, il s'installe et c'est au niveau du rythme que ça se passe. Ca ne fonctionne plus. Les chapitres sont inégaux. Plus artificiels. Certes, on retrouve des moments malins, mais dispersés. Et régulièrement, on bute sur quelque chose. Les changements d'acteurs, à des moments différents, perturbent un peu le récit. C'est pas très grave, mais c'est maladroit. Il puis rapidement on voit ce que Lars veut et surtout ce qu'il ne veut pas.
La scène de thérapie de groupe par exemple, est bâclée. Ok, Joe ne s'en sortira pas comme ça, mais pourquoi l'expédier de cette façon? La partie SM, en revanche, traîne en longueur. Froide, désincarnée, elle est d'ailleurs plutôt bien amenée jusqu'à cette référence complètement WTF à Antichrist. Là c'est du grand n'importe quoi :-/ D'ailleurs il ne faudra pas que j'oublie d'ouvrir toutes les fenêtres en grand, la prochaine fois que je sors de chez moi un soir de neige... Enfin, il y a le dernier tableau. Celui qui va nous ramener dans la ruelle où l'histoire a commencé et qui est, à mon avis, le plus décevant, en tout cas le moins cohérent. Déjà parce que l'association avec Dafoe est tellement mal amenée qu'elle n'est pas crédible une seconde. Du coup, ce qui se noue à ce moment entre Joe et la jeune fille perd de sa force. Ensuite, ce qui va nous ramener au point de départ n'est pas plus convaincant (la scène de la ruelle). Même au niveau de la forme, c'est moche. A se demander où est passée la maîtrise impressionnante des débuts.
Dans le même temps, le jeu de ping-pong avec Seligman a été mis en retrait. Ca ronronne. Alors oui, il fallait peut être nous réveiller avec une dernière secousse. Histoire de nous montrer que tout est bien dégueulasse. Et forcément, on pouvait compter sur Lars pour ça. Mais on pouvait aussi attendre mieux.