O'Brother par Christine Deschamps

Probablement un excellent film, mais alors, qu'est-ce que je me suis ennuyée ! A quelques superbes moments musicaux près, ceci dit. Pour le reste, l'errance de trois évadés du bagne dans une Amérique raciste et esclavagiste, calquée sur le voyage d'Ulysse en Méditerranée, m'a laissée de marbre. Je me suis contentée d'attendre la fin avec impatience, alors que c'était joliment filmé et très bien interprété. Qu'est-ce qui a coincé, alors ? La même chose que dans Don Quichotte, je suppose : ce burlesque faussement populaire qui met en scène des marginaux censés indiquer comme des boussoles les hypocrisies de notre société. Je crois que le burlesque n'est juste pas adapté à la dénonciation d'injustices fondamentales, qui méritent un autre traitement. Si bien que je m'exaspère dans un premier temps et me désintéresse juste après. Pourtant, les thématiques abordées sont porteuses : le KKK, le système électoral racoleur américain, le racisme, le rôle de la radio dans la propagation des modes et des idées, le populisme, la rédemption, tout ça tout ça. Mais les épisodes qui s'enchainent pour brosser ce portrait au vitriol d'un pays gangrené par la corruption et la sottise m'ont laissée sur le bord de la route, alors que beaucoup de spectateurs semblent avoir été sensibles au rythme enlevé et aux dialogues savoureux. Bon, on ne peut pas être le public idéal pour tout, j'imagine...