Neill Blomkamp nous propose plusieurs courts métrages de science-fiction intitulés «volume 1» par le biais de son studio OATS visant ensuite à en faire des longs métrages (les volumes 2), tout comme son court «Alive in Joburg» qui a donné lieu au film «District 9». Il souhaite vérifier leur possible mise en œuvre, disposant même de son propre département d’accessoires, d'une équipe d'une trentaine de personnes, de spécialistes d'effets spéciaux et autres maquillages.
Son studio a pour visée de proposer ses propres productions en streaming, sur tous ses projets expérimentaux et bien sûr au vu de sa déception de "Alien 5" (avorté), de faire ce que bon lui semble et d’interagir avec le public. Public sollicité pour participation, même si l’équipe se charge de la production première. Mais les suites ou les volumes 2 résulteront du succès public ou pas.
Espérant que son travail lui permettra ensuite de nous proposer des blockbusters de qualité.
Rakka volume 1 est son premier court métrage. Il représente les suites d'une invasion extraterrestre. Les étrangers ont asservi l'humanité et altèrent l'atmosphère terrestre. Il s’entoure de Sigourney Weaver qui prend le rôle d’une femme de tête face à une invasion d’Aliens au genre Lézard. Rapidement mené, on se retrouve dans une ambiance sombre où les humains se terrent dans un environnement désolé, et où quelques combats éclairs nous laissent présager une sorte de survival d’action. La caméra se colle à nos protagonistes pour un effet de tension mais la rapidité de l’action ne permet pas franchement de cerner l’ambiance.
A l’inverse de «District 9», où nos extraterrestres étaient enfermés dans un no man’s land laissés à leur misère, ici il semblerait que ce soit le retour de manivelle d’une société qui sera exterminée ou peut-être également parquée, sujette à expériences mettant les humains face à leurs propres horreurs pour s’en sortir.
Ce court laisse présager une suite.
Le metteur en scène nous parle bien du futur de notre société et de que nous en faisons. Et on imagine bien ce que pense Neill Blomkamp des comportements humains souvent biaisés, pour une résolution extrême. C'est assez jouissif.
Comme pour "District 9", métaphore satirique sur notre société, allégorie directement liée à l'apartheid, dans "Rakka", c’est encore la métaphore de la main mise d’une force étrangère sur un peuple, dénonçant les invasions que nombre de pays subit.
Pour autre exemple, le thème de la guerre et de notre participation à l’extermination sous couvert de démocratie, se retrouve dans «Firebase» volume 1.
En plein Viet Nâm, un homme utilise son cerveau pour agir à distance, et mener sa vengeance. L’homme aux capacités étonnantes, extermine tous les soldats américains. Débutant comme un documentaire, caméra à l’épaule, on rentre ensuite dans la fiction où la mise en scène ne lésinera pas sur les effets de corps déchiquetés et autres flots de sang. Toujours au plus près, doté d’effets spéciaux sympathiques, on y verra des chars et autres engins s’envoler dans les airs par la force même de cet homme vengeur.
Encore un thème intéressant quand on sait que nous utilisons à peine et pour les meilleurs d'entre nous, 10% de la capacité de notre cerveau et que l’idée d’être au-delà renvoie à la force mentale et d’ailleurs au film «Chappie» qui se concentre sur le thème.
La CIA commence à enquêter sur les événements inexpliqués, et une équipe s'attaque à la confrontation avec cette créature surnaturelle et invincible semblant naviguer au delà du réel, perturbant l'espace-temps. Un sergent de l’armée américaine, son antagoniste serait en capacité de le combattre. Pourquoi ? Comment ? Dans ce volume, il n’est question que d’un avant-goût à ce sujet, et on attendra donc encore une fois, la suite.
Noté pour public averti, les effets ne sont pas plus «gore» que les films de genre, d’autant qu’ici aussi, l’action et le suspense sont au cœur d'une intrigue assez dynamique, que les dialogues sont suffisamment bien amenés et le scénario lisible.
«Zygote» volume 1, aura pour actrice principale Dakota Fanning pour de nouveau un genre apocalyptique dont on obtiendra les éléments au fur et à mesure de l’avancée.
Deux survivants se retrouvent piégés dans une usine minière d’extraction de métaux, au fin fond de l’antarctique.
Notre héroïne se retouve avec un soldat qui la poussera à se surpasser. Tous les membres de l’usine ont été massacrés…
Ils doivent fuir un monstre à l’image de la créature de Frankestein. Un corps fait de multiples parties d’autres corps, emmagasinant les données cérébrales de tous ceux qui lui sont rassemblés ou lorsqu’il tue, permettant de connaître les actions à venir.
Un thème sur l’asservissement, mettant en scène des humains synthétiques qui doivent extraire la matière dangereuse au péril de leur vie et ne savent pas ce qu’ils sont. Ici ce sera l’étude sur les clones et du gain financier au détriment de l’éthique que l'on devine chez le cinéaste.
En 22 minutes, Blomkamp insuffle à son intrigue un ambiance oppressante et tendue, où les décors de couloirs, de portes fermées, de fuite en avant rendent vraiment un bon suspense.
Le plus réussi pour l’instant dans sa mise en scène et son scénario complet qui se satisfait à lui-même.
Globalement sur tous ses travaux Blomkamp revient donc à ses thèmes de prédilection. Après «Dictrict 9» «Chappie» ou encore «Elysium» il centre ses thématiques sur la SF et l'horreur à tendance politique et appuie sa dénonciation de la société.
J’attends avec impatience : «Lima» ! qui devrait être un thriller. Etonnant..