Tom souilleur, c'est l'amer hic.
En fait ce film est une pute en poly-alliage mimétique —ou pompeur polymorphe si vous préférez.
Je précise.
L’esthétique d’abord :
-Pub pour Electrolux (comme Tron trolilol).
-Pub pour parfum.
-Pub pour déodorant.
-Pub pour Tom Cruise.
L’artistique :
-Rushs de Prometheus.
-Chutes de Moon.
-Esquisses de Solaris.
-Flagrances de Matrix, 2001, ID4, Wall-E ( ! ).
-Remplacement d’un groupe de french touch (Daft Punk) par un autre (M83) qui fait la même chose (composer une B.O sous forme d’intro de morceau jamais achevé).
Le commercial :
-Tom Cruise se réveille (torse nu).
-Tom Cruise joue un trentenaire (depuis 20 ans).
-Tom Cruise nique des gonzesses sans les niquer pour qu’elles aient envie qu’il les nique (TROP FORT).
-Tom Cruise est éternel, Tom Cruise sauve l’humanité, Tom Cruise fait mouiller des rousses et des slaves, Tom Cruise a traversé les âges dans un sommeil conservateur PUTAIN MAIS EN FAIT TOM CRUISE EST UN DICTATEUR RUSSE.
-Tom Cruise fait des cascades
-Tom Cruise fait de la moto
-Tom Cruise court plus vite que les flammes
-Tom Cruise rempli ses missions, même quand elles sont impossibles…
Oblivion est en réalité la promesse sans cesse repoussée d’une œuvre singulière, nourrie mais non digérée, trainant des casseroles mercantiles trop bruyantes pour laisser apprécier les suspensions laissées à notre imagination.
Et ça, ça vous plombe un récit de SF.
Pourquoi faut il encore qu’une amourette intemporello couillonne viennent polluer les ambitions d’une histoire dans laquelle elle n’a pas sa place ?
Pourquoi ce scénario n’assume vraiment pas le genre auquel il prétend appartenir ? Si il l’assumait, aurait on eu droit à un minimum d’illustration et de recherche narrative en lieu et place de cette indigente voix off d’intro/outro?
Putain Joseph quand tu dis que la planète a été ravagée par le feu nucléaire tu le montre un peu quoi, comme dans T2 avec des maquettes si t’as plus les sous après le cachet de Freeman.
Et les survivants de l’humanité ils sont pas nombreux, mais rassure moi ils sont pas que douze ; et en plus me dit pas qu’on a pas de bol à ce point qu’il y a un Lannister dans le lot hein.
Je vais m’arrêter là, vous allez croire que j’ai mis 5 juste parce qu’il y a une rousse dans le film.
…
OUAIS BON PAS QUE, HEIN.
Y a aussi des trucs qui fonctionnent presque, et qui fonctionneraient mieux si Tom était parti en croisière (Cruise/ croisière : trop pas drôle).
D’abord la rousse. SI il y a un personnage qui sort un minimum des stéréotypes ambiants (héros, faire valoir, copine trop in love, morpheus), c’est bien celui de Vicka.
Amoureuse éconduite, bienveillante quasi maternelle, individualiste, dévouée, femme bafouée, rigide, frigide, sexy, amante de substitution, collègue de travail, glaciale, émue ; son personnage suscite autant l’empathie que la méfiance, et c’est plutôt intéressant.
Autre réussite, les drones trimballent leur aura de machines implacables bien comme il faut, aidés par un traitement sonore assez emblématique pour marquer l’esprit.
Artistiquement c’est plutôt léché et c’est techniquement chiadé, bien que de la même froideur design déjà vue chez le dernier Scott. C’est joli mais c’est bleu, ou blanc, ou bleu-gris clair blanc verdâtre bleu. Sur un ou deux films ça va, mais si ça devient un nouveau standard esthétique de la SF, moi je préfère regarder Planète Interdite.
Oblivion avait pas mal de potentiel —en lien avec la fin que je tairai, d’autant que les influences ne sont pas si honteuses, à défaut d’être intégrées avec finesse. Certains instants frôlent l’effet voulu (solitude, étendues quasi métaphysiques).
Mais Tom Cruise, quoi.
Tom Cruise et beaucoup de facilité. Tom Cruise et l’ambition d’un récit bafoué.
Dommage car on se surprend parfois dans le film à penser qu’Oblivion pourrait figurer en bonne place dans la SF post 2000 ; puis on croit rêver tellement ça tire sur l’indulgence du spectateur, à l’image de cette fin qu’on ne croyait plus voir venir et qui vient s’étirer alors qu’on croyait qu’elle allait enfin s’achever.
Et pardonner ce serait oublier.
Un comble.