La saga Bond adopte de plus en plus cette formule schizophrène de livrer un épisode plus «posé» - d’une certaine manière - (Rien que pour vos yeux) et les plus intéressants me concernant, pour calmer la fantaisie ou le grotesque du précédent (Moonraker) mais pour mieux retomber dans les travers dans l’épisode suivant, en l’occurrence ce Octopussy. Commençons par l’âge de Roger Moore qui se fait grandement ressentir ici. S’est-il moins investi dans les scènes d’action qu’on le sent moins impliqué dans le montage ? D’ailleurs en dehors de cet aspect, la réalisation et le montage des moments d’action sont bien moins soutenus et rythmés que sur le précédent film malgré deux moments particulièrement impressionnants. Le premier la traversé du hangar avec l’Acrostar lors de la scène introductive qui ne raconte malheureusement absolument rien. Le deuxième, le cascadeur accroché à l’avion dans ce qui sera l’affrontement final.
C’est surtout toute l’intrigue qui ralenti le rythme en plus de conférer au film une patine vieillotte. L’atmosphère Guerre Froide couplée aux deux terrains de jeux géographique. D’un coté l’Inde et son - point positif - décorum haut en couleur, les palais rivalisant de majestuosité, donnant à la 1ère partie des airs de film d’aventure coloniale. De l’autre l’Allemagne scindée RDA/RFA, tout en tons ternes gris/vert, semblant bloqué dans le temps... fini la modernité 80’s de Rien que pour vos yeux.
Grand retour des gadgets inutiles (le crocodile), de l’humour potache qui fait rarement mouche. Coté antagoniste, bien du mal a croire au partenariat entre le Général Orlov (Steven Berkoff) totalement hystérique et mégalo et Kamal Khan (Louis Jourdan), reprenant certains traits de Kristatos pour son coté calculateur et discret, avec des ambitions plus simple... quoiqu’en fait ils se retrouvent bien tous les deux dans leurs interpretations assez grossières. Il y a bien des petits moments intéressants pris indépendamment mais c’est avec ennui que ce suit cette aventure.
Le Générique :
Chanson - Thème particulièrement anecdotique, aussitôt oublié dès la fin du générique.
Visuel - Visuellement ça ne propose rien de plus que la chanson, pas le moindre jeu autour du titre du film.
LA James Bond Girl :
Kristina Wayborn aka Magda, bien plus lumineuse et joueuse que Maud Adams. Pas la plus habile des voleuses lorsqu’elle tente de dérober le Faberger à James Bond (elle sera plus efficace lors de ces numéros de prestidigitation), mais elle n’a pas son pareil pour faire une sortie remarquée et soyeuse... en douceur et ironie. Sexy.
LA réplique :
_ «Forgive my curiosity, but what is that ?»
_ «That’s my little OctoPussy.»
James jouant les curieux à propos d’un tatouage de pieuvre sur la hanche de Magda. Moore n’a pas son pareil pour jouer la décontenance. Après Solitaire dans Vivre et laisser mourir, Bond est une 2e fois destabilisé par un commentaire féminin dans une posture charnelle.
LA scène :
James Bond déguisé en clown, tentant d’échapper à la police Allemande qui le poursuivait et aux soldats Américain de la base où est installé le cirque, pénètre sur l’air central du chapiteau. Devant l’incongruité de l’apparition et des gestes de ce clown le publique est hilare. Bond se précipite vers Octopussy assise à coté du commandant de la base et tente de lui faire comprendre qu’elle a été dupée et qu’une bombe se trouvant caché dans l’énorme canon est sur le point d’exploser. Son accoutrement n’aidant pas, personne ne le prend au sérieux et les autorités le moleste lorsqu’il essaye de prouver ses dires en ouvrant la trappe. Octopussy dubitative s’empare d’un revolver et tire sur le cadenas révélant le minuteur sur le point d’arriver à son terme. Bond se dégage de son entrave, se précipite sur la bombe et la désamorce au moment ou le compteur atteint zéro... et toute les personnes présente pouvant reprendre le cour de leur respiration.
Pas que ça soit un grand moment dans le film, mais plus par l’ajustement et l’équilibre des différents éléments tellement disparates, Bond /Moore ridicule dans son costumes, le décorum du cirque, les situations potaches, les rires... d’où la réalisation arrive à tirer un efficace moment de tension avec finalement très peu d’effets : la musique de John Barry, le compteur arrivant à zéro, et Roger Moore lui même tendu à travers son maquillage.