Une chose est sûre, on n’est pas ici devant un film de genre lambda comme les plateformes de streaming ou Blumhouse nous en pondent une palanquée chaque année. Ce petit long-métrage irlandais développe quelque chose de singulier très satisfaisant dès son amorce. Mais on n’est pas non plus dans l’elevated horror en vogue actuellement et qui nous réserve régulièrement quelques pépites. « Oddity » se positionne dans un entre-deux appréciable et – c’est aussi et certainement l’un de ses aspects les plus délectables – il nous balade durant une heure et demie dans son train fantôme sans que jamais l’on sache où il va nous emmener. On est dans du fantastique pur et dur qui lorgne vers l’épouvante à plusieurs reprises. Le postulat de ce double huis-clos (une partie dans un asile et l’autre au sein d’une vieille ferme campagnarde abandonnée, en montage alterné) combine beaucoup d’éléments intrigants qui en font le sel.
Entre cette statue de bois à forme et taille humaine, ces jumelles dont l’une aveugle est télépathe, un fou borgne échappé d’asile et ce cabinet de curiosités aux objets possédés, il a matière à moultes développements passionnants. Avec tous ces éléments, Damian McCarthy (dont c’est seulement le second long-métrage) a écrit un script surprenant aux rebondissements plutôt malins et convaincants. Peu de personnages et seulement deux endroits où se déroule l’action pour un puzzle de suspense qui se concrétise petit à petit avec brio. L’ajout du fantastique et de l’étrange est absolument bien introduit et les quelques séquences tirant plus vers l’horrifique ont un sens. D’ailleurs la partie épouvante nous réserve deux ou trois sacrés sursauts qui nous font bondir de notre siège tandis que certaines séquences font véritablement peur, mêlant frayeurs viscérales et tension montant à son paroxysme. De plus, « Oddity » parvient à créer une atmosphère particulièrement angoissante en optimisant parfaitement le décor, notamment en jouant avec l’obscurité et les angles morts.
Ce que l’on pourra reprocher à ce long-métrage assez inédit, c’est peut-être son rythme très lancinant. Alors on n’est pas non dans le fantastique contemplatif non plus qui vire parfois au nombrilisme artistique et ce déroulé lent colle plutôt bien à l’ambiance. On ne s’ennuie donc pas de ce choix pertinent mais il faut avouer que c’est un peu plat par instants. Peut-être qu’on aurait aimé aussi plus de frissons mais « Oddity » contient assez de substance et de surprises (cet homme en bois, il fallait oser et c’est très réussi) pour satisfaire mêmes les fans de films de genre les plus exigeants. Et McCarthy parvient à rendre tangible et effrayant des vieilleries et réussi des effets plutôt éculés qui auraient pu vite virer au ridicule. Un train fantôme qui prend donc son temps mais intrigue de bout en bout, procure sa dose de peur et laisse défiler une intrigue pour le moins étonnante à plus d’un titre. Une bonne surprise.
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