Après Affliction, Paul Schrader adapte à nouveau Russell Banks... On voit d'avance le ton : lent, hermétique et compliqué. Et côté divertissement, contempler la pluie un jour de novembre sera plus trépidant. D'autant que le sujet ici, c'est la mort. Celle de son personnage principal. Celle de Russell Banks auquel le film est dédié. Et par extension, celle d'un peu tout le monde... Celle de Paul Schrader qui semble avoir voulu un film en forme d’épitaphe. Celle de Richard Gere qui enterre ici son ancienne image de sex-symbol. Et celle de tout un chacun, parce que finalement tout ça attend tout le monde a un moment donné.
Oh, Canada nécessite donc d'être dans une humeur bien particulière pour être apprécié, sans qu'on sache s'il faut être incroyablement joyeux pour supporter l'ambiance, ou affreusement dépressif pour être raccord. Les dialogues sont sombres, le montage pas du tout classique et le rythme complétement foutraque.
Mais l'interprétation est brillante. Et dans la continuité de ce qu'il réalise depuis First Reformed, Paul Schrader livre un film inventif qui casse les conventions narratives. S'il est regrettable que le film soit revenu bredouille de Cannes, il faut reconnaitre quand même qu'il faut s'accrocher un tantinet devant un exercice aussi peu ludique.