Les porcs c'est nous ou comment devenir végé en 1h30

En voulant regarder un film léger, je tombe sur une affiche sympathique d'un film sur laquelle on voit un bel animal, mélange d'hippopotame et de cochon. Me disant que je vais voir un film pour enfants où il va s'en doute s'agir d'une héroïne qui veut sauver son ami le cochon face à des vilains et vivant mille aventures, je me lance pour 1h30 qui se devaient être ni intellectuelles ni bouleversantes. Comme d'habitude, les films qui me marquent le plus sont ceux pour lesquels je pensais rester sur mon petit nuage rose mais qui s'avèrent être durs, violents, réalistes.
Car si les 20 premières minutes nous font croire au paradis et à une amitié forte entre Okja et la jeune coréenne, c'est pour mieux nous dégouter, nous écœurer, nous attrister par la suite. Quand Okja est arrachée à son amie, "rapatriée" auprès de cette grosse industrie qui produit des animaux OGM pour produire"la nourriture du futur" qui permettra de "mettre fin à la famine dans le monde", on se dit qu'elles vont réussir à s'échapper et à trouver un coin de verdure où finir le restant de leur jour. Mais non. En fait oui mais non aussi.
Alors qu'on remarque une intelligence très forte et un regard intensément rempli de sensibilité et si j'ose dire d'humanité de la part d'Okja, cela n'empêche pas à ce super cochon de se faire maltraiter, torturer, d'être considérer comme un objet, voire comme moins qu'un objet par beaucoup. On ne nous épargne aucun détails de l'industrie de la viande et des abattoirs, ce qui est très inattendu au vu du début attendrissant et chaleureux.
Les porcs, c'est nous parce que la majorité ne voit pas ce qu'il y a derrière une assiette, n'en a pas conscience ou surtout ne veut pas en avoir conscience. Les porcs, c'est nous parce qu'il faut tout avoir en masse, on ne peut pas consommer modérément. Les porcs, ce sont ceux qui se font du blé sur le dos d'êtres vivants.
Bon d'accord, les humains ne sont pas tous des porcs. Et dans le film aussi, il y a tout d'abord l'héroïne et aussi cet organisme de libération des animaux qui sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins, même à faire une croix sur leur non-violence. Mais les résultats de leurs actions, même s'ils dévoilent les atrocités de cette industrie, sont moindres face au pouvoir des grands. Mais aussi face au pouvoir des petits qui sont prêts à manger une viande bas prix et ce à n'importe quel prix.
Même s'il y a quelques incohérences, ce film m'a bouleversé. Celui qui avait tout pour être une bonne comédie familiale se retrouve être un film choc. Le début tout rose où on s'attache à Okja rend la fin extrêmement douloureuse, atroce, choquante.