Il y a près de dix ans sortait sur les écrans français un film coréen intitulé Old Boy. Adapté du manga de Nobuaki Minegishi et Garon Tsuchiya sorti en 1997, le film choc s'offrait le luxe de repartir avec le Grand Prix du Jury à Cannes en 2004. Oui, oui, l'adaptation d'une bande dessinée en un film violent et sombre repartait avec les honneurs du Jury (présidé par Quentin Tarantino, ceci expliquant peut-être cela).
Dix ans plus tard, donc, arrive le remake américain. On ne va pas refaire le débat de l'intérêt du remake en soi, souvent inutile, parfois audacieux et très rarement supérieur à l'original. Dans ce dernier cas, sont souvent concernés de vieux films américains revus et corrigés par de talentueux cinéastes. Dans le cas de films étrangers uniquement refait pour "être adapté au marché local" (brrrr), très rares sont les exemples qui font fonctionné. En tapant ces lignes le seul qui me vient à l'esprit est sans doute Les Infiltrés, brillant polar mené par Martin Scorsese d'après Infernal Affairs d'Andrew Lau et Alan Mak.
Old Boy version Spike Lee se classe dans la première catégorie, celle des remakes foirés. Au-delà du fait que l'original s'avère largement supérieur à cette nouvelle version, il faut bien admettre que celle-ci, prise comme-t-elle, n'est pas un très bon film. Josh Brolin y est totalement en roue libre, et livre sans doute la plus mauvaise performance de sa carrière et l'écriture est d'une grossièreté rare, où tout est martelé pour être bien compris par le public formaté visé.
Si vous n'avez pas vu l'original, Old Boy est l'histoire d'un homme qui se fait capturer du jour au lendemain par un inconnu. Il sera retenu pendant vingt ans dans une pièce ne comportant pas grand chose, avec pour seul lien vers le monde extérieur une télévision. C'est par ce moyen qu'il va découvrir que sa femme s'est faite assassinée et qu'il est considéré comme le coupable. A l'issu des vingt ans, il va être relâché dans la nature et va vouloir retrouver l'homme derrière ce jeu machiavélique.
Le film s'ouvre, comme son ainé, sur le personnage incarné par Josh Brolin. Exit la voix off, place à quelques scènes d'introduction visant à nous montrer ô combien il est méchant et alcoolique. L'histoire suit alors son cours mais rien à faire, Brolin est tellement peu impliqué dans son personnage qu'on a bien du mal à y croire. Les quelques changements pendant les séquences d'emprisonnement n'apporteront rien. Une fois le personnage dehors, Spike Lee continue à tout expliquer et à enfoncer le clou, à l'image d'une scène où jeune femme porte un parapluie dont l'illustration est rigoureusement la même que celle que Brolin s'est tatouée sur la main... Heureusement, le personnage d'Elisabeth Olsen (parfaite, comme toujours) viendra apporter un peu d'émotion à une histoire qui aura bien du mal à passionner tant son réalisateur semble empêtré dedans. Manifestement fatigué, Spike Lee transformer le plan-séquence du couloir par quelque chose de plus aéré. Exit la sensation de proximité avec les combattants. D'ailleurs, le réalisateur ne cache pas que sa séquence à lui a été tournée en plusieurs plans.
Malgré la violence toujours aussi présente (et plus visuelle), malgré son fameux twist, Old Boy version américaine ne parvient jamais à passionner. La fin -modifiée- est stupide et le temps a bien du mal à passer.
Préférez l'original.