Après l’échec du certainement trop sombre Taram et le chaudron magique, Walt Disney est passé tout près de la catastrophe. Si la production de Basil, détective privé avait été largement entamée avant ce cuisant revers, on sent que ce Oliver & Compagnie cherche, avant tout, à revenir à une formule que le studio maîtrise bien. Un chat, des chiens, une gentille petite fille riche, un méchant en limousine, un pauvre type à la rue, des chansons, une adaptation de Dickens, de l’humour, un brin d’émotion, ce film d’animation sent le refus du risque. Seule « nouveauté », l’inscription de l’histoire dans une ville de New-York contemporaine typique des années 1980 avec ses voitures taillées à la serpe et ses jeunes qui se trimballent avec leur poste de musique sur l’épaule.
Histoire convenue, personnages caricaturaux, l’ensemble pèche justement par son refus de se renouveler, se contentant d'une simple modernisation de son contexte. Du coup, on est ici chez Walt Disney comme on pourrait être dans une autre production tant l’ensemble aligne les clichés de la firme et en devient très impersonnel. Comme toujours, cependant, les décors sont soignés avec sa cité urbaine très « dessinée », l’animation est limpide et on découvre aussi un véritable travail au niveau des images de synthèse qui annonce les dessins animés à venir (même si tout n'est pas encore tout à fait au point ici). Si les personnages manquent globalement de charisme, on retient cependant les personnages de Tito, Einstein et Francis qui assurent la note humoristique de l’ensemble et qui apportent un brin de folie appréciable.
L’action, plutôt vite expédiée, manque d’envergure mais le scénario est mené avec suffisamment d’intelligence pour se révéler entraînant. Un petit Walt Disney donc, sympathique qui récite bien sa partition mais qui s’autoréférence un peu trop pour sortir du lot.