Un film de boxe finlandais en noir et blanc où la boxe n'est pas le principal sujet et qui a remporté le prix un certain regard au dernier Festival de Cannes...pour un peu on dirait un kamoulox ou la promesse d'un film poseur et chiant comme la grande sauterie annuelle du cinéma en accouche régulièrement.
Pourtant la démarche de Juho Kuosmanen est intéressante et fait souffler un vent de fraîcheur sur un genre balisé.
A ce titre, disons le d'emblée, ceux qui s'attendent à un Rocky Finlandais inspiré d'une histoire vraie en seront pour leurs frais et risquent de passer un mauvais moment car Olli Mäki ne se conforme à aucun des codes du biopic sportif.
D'abord dans le traitement de son héros : un brave type, humble, très emmerdé par tout le cirque politico-médiatique autour de son combat et tout chamboulé par son histoire d'amour. Ce héros qui se refuse à être ce qu'un pays entier attends se révèle très attachant, notamment grâce à la bonhomie de son interprète Jarkko Lahti . Il en va de même pour son âme sœur, bien loin d'être la greluche de service qu'on voit habituellement dans ce genre de film.
Leur idylle est le principal enjeux du récit et les cinéphiles venus chercher leur dose de bourre-pifs seront agacés et n'y verront que l'histoire d'amour de deux gentils ploucs de la campagne finnoise et c'est bien dommage car rares sont les œuvres qui font l'éloge de la simplicité et dont les protagonistes sont aussi iconoclastes.
Il en va de même pour la mise en scène qui bien que sublimée par le noir est blanc, refuse tous les artifices attendus : pas de training montage sur fond de musique entraînante, pas de slow motion, pas d'icônisation des athlètes.... La caméra est au plus prêt des visages et reste centrée sur les personnages marquant ainsi la symbiose entre le metteur en scène et son propos.
Le seul véritable défaut du métrage est de ne pas jouer assez la carte du burlesque car si Kuosmanen n'a de cesse de faire rire en pointant le décalage entre son héros et le reste du monde, on regrette que la dimension comique ne prenne pas complètement l'ascendant, l'ensemble restant un peu trop sobre à mon goût.
Toutefois, cela n'empêche pas Olli Mäkki d'être un film unique dont le parti pris humaniste et la beauté formelle emporte l'adhésion et lui confèrent des allures de fable sur l'anticonformisme. Une preuve supplémentaire après Rare Exports que les Finlandais savent faire de bon films même si rares sont ceux qui nous parviennent...