Rocky Maki

Dans l’histoire de la boxe, le 17 juillet 1962 ne dit quelque chose qu'aux finlandais et encore. Ce film montre pourquoi. L'image granuleuse au début permet de faire sentir l’époque. Ensuite le noir et blanc devient de belle qualité et j'ai été conquis par l’ambiance assez particulière. Olli Maki est un jeune finlandais qui gagne sa vie comme boulanger. Mais c’est aussi un boxeur qui a une dizaine de combats professionnels à son actif. Son manager croit en lui et ne se pose pas trop de questions malgré son nom : Ask... Olli peut viser le titre de champion du monde, rien que ça. Ask navigue parfaitement dans un certain milieu et il est parvenu à organiser une réunion qui fera la gloire de la Finlande. Des hommes d’affaires ont mis de l’argent sur la table. Olli fera un effort en combatant dans la catégorie des poids mouches contre le tenant du titre, un américain black. Lui serrait plutôt en coq de combat, ce qui nous donne une séquence hilarante dans une église lors d’une cérémonie de mariage à laquelle Olli assisste parce qu’il n’a pas le choix. Ses voisins le connaissent et ont appris la nouvelle de son prochain combat. Les chuchotements vont bon train, avec les commentaires sur la façon dont il va s'y prendre pour faire le poid. Il renvoit tout le monde dans les cordes en rappelant qu'il a toujours passé le cap de la pesée, le moment où les deux boxeurs se présentent sur la balance avant le combat pour qu’un expert vérifie que les deux combatants ne dépassent pas le poid réglementaire.
C’est là que tout bascule. On comprend que la motivation d’Olli n’est pas celle que l’on pensait. Devenir champion du monde, pourquoi pas, mais il n’a pas choisi les conditions. Du coup, il n’est pas spécialement motivé. En réalité, ce qui le motive, c’est de cotoyer la charmante Raija. Les regards qu’ils échangent ne laissent planer aucun doute sur leurs sentiments.
Ce que le film montre avec beaucoup de justesse c’est donc une sorte d’affrontement entre un beau plan bien préparé et l’émergence de sentiments imprévus. On peut également comparer la gestuelle des boxeurs avec la gestuelle des amoureux. C’est comme une danse rituelle d’approche où chaque geste compte. La question finale sera de savoir si Olli et sa fiancée peuvent devenir de vieux amoureux.
Comment se sont-ils rencontrés ? Le film ne le dit pas, comme il ne précise absolument pas les circonstances qui ont vu Olli s'engager dans cette histoire de championnat du monde. Au début j'avais mis 5 à ce film, un peu déçu par ce manque d'explications. Finalement, je mets 7 parce que les explications ne serviraient à rien. Le film est assez court, comme le combat, et je ne m'en plains pas puisque les personnages sont attachants et le ton inimitable. Cette histoire de championnat du monde est de l'opportunisme, histoire dans laquelle Olli se fait manoeuvrer. La conclusion me pait parce qu'elle prend le contrepied de toutes ces manoeuvres et je souhaite tout le bonheur du monde à ce gentil couple, même si c'est une autre histoire !