Om Shanti Om
7.3
Om Shanti Om

Film de Farah Khan (2007)

Sous ses airs de conte de fée, Om Shanti Om dissimule un aspect profondément sombre et désespéré...

Om Shanti Om, en plus d’un excellent divertissement délicieusement décalé au visuel, une fois n’est pas coutume, très au-dessus de la moyenne, est une habile réflexion sur le star-système, que l’habile réalisatrice Farah Khan tourne en dérision avec toujours ce souci de divertir, et de ce côté c’est réussi, mais également de pointer du doigt les forces caverneuses qui régente l’univers de la production cinématographique.


Construit en deux parties, une première qui se déroule dans les années 70, avec son côté kitsch et rétro, Shah Rukh Khan y fait son festival en mode écureuil fou, et parvient à rendre attachant son personnage d’acteur de seconde zone qui tente de s’accrocher à une industrie qui l’ignore, il croise alors le regard de son égérie féminine, admirablement interprétée par la très belle Deepika Padukone – dont je n’ai que d’yeux… - mais un secret inattendu verra ses rêves s’effondrer dans les flammes de ses propres illusions, et ça donnera l’occasion d’accréditer un saut dans le temps de trente ans, où l’histoire se rejouera par le biais de l’artifice cinématographique.


C’est alors que défile à peu près tout le gratin cinématographique Bollywoodien dans un ballet majestueux, astucieusement mis en scène par une réalisatrice qui parvient à équilibrer les ressorts de son œuvre par des procédés de décalage finement amenés. On serait un peu dans le domaine du conte de fée Disneyen à l’ancienne, genre La Belle au Bois Dormant, avec quelques envolées dramaturgiques saupoudrées de lyrisme, qui croiserait la farce acide à la Billy Wilder, toute proportion gardée bien entendu.


Les chorégraphies ne sont pas les meilleures vues dans le genre, et les chansons pas toujours à la hauteur, mais demeurent des artifices que l’auteur utilisent pour masquer la profonde noirceur d’un récit que je ne peux dévoiler ici sans gâcher le potentiel que l’enchaînement entre les deux époques qu’un titre plus habile qu’il ne semble être au préalable incrémente intelligemment. Om Shanti Om, soit l’association des prénoms des deux personnages principaux, comme souvent dans les films indiens.


Au-delà de son aspect bon enfant que certains considéreront peut-être comme de la niaiserie, le fameux cynisme occidental…, le film souffre parfois d’une baisse de rythme au moment de l’enchaînement des deux époques, et donne parfois un sentiment d’étirement à rallonge. Mais malgré ces quelques reproches, je le conseille vivement à tout ceux qui sont encore capable de se mettre petit et de retrouver le temps d’une féérie, leurs instincts enfantins, pour se laisser bercer par cette admirable peinture, certes très colorée, dont le sujet central prête plus à la réflexion qu’au simple divertissement que ses artifices cinématographiques laissent miroiter. A noter un générique de fin original, où toute la distribution, technique y compris, se met à défiler chacun à sa manière en mode tapis rouge, de manière extraordinairement décalée.

philippequevillart
7

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le 19 juil. 2021

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