A l'instar d'un Bullhead qui osait la transposition du film noir en campagne flamande, Omar est un film noir qui aurait troqué ses inspecteurs américains pour des soldats israëliens et ses nuits brumeuses pour le soleil du Moyen-Orient. Il est question de violence, de fraternité, de trahison, d'une femme pour laquelle on se bat et l'on précipite son destin.
Le film nous offre aussi de belles scènes de poursuite. Notamment quelques secondes très marquantes au début du film : après avoir été repéré en train d'escalader le Grand Mur, Omar court se réfugier dans les ruelles. Le filmage est digne d'un James Bourne (on y repensera lorsque plus tard, il faudrait fuir par les toits). La course est extrêmement courte, en ligne droite, qui plus est. Pourtant, lorsqu'il s'arrête et reprend son souffle, l'impression de décompression est extraordinaire.
Dans le cinéma actuel, le conflit israëlo-palestinien est traité majoritairement dans une veine réaliste ou poétique. En revanche, on évite de verser dans le genre, peut-être parce qu'il est délicat d'aborder un contexte aussi brûlant sous l'angle de la stylisation. C'est pourtant ce que Omar se permet, et ce sans controverse possible puisque le film noir, en tant qu'il exacerbe le tragique, ne banalise pas son sujet.