Quand Allen veut filmer du brouillard, il ne fait pas semblant, voilà un film bien brumeux en forme d'hommage formel à l'expressionnisme allemand et à Kafka. La scène où Mia Farrow finit par accepter de se prostituer sans que cela ne lui pose des problèmes particuliers (bien au contraire) est fabuleuse de tact et de d'efficacité. Bien sûr après l'esprit d'escalier fonctionnant, elle regrettera son geste et retournera vers son imbécile de compagnon. La vie nous offre des opportunités, mais la société nous fait revenir dans les clous, telle semble être l'une des leçons du film. Mais ce n'est pas la seule et il faut attendre les dernières minutes pour voir rejaillir les obsessions du maître : La vie ne serait qu'une illusion et surtout elle est absurde… alors devenir l'assistant d'un magicien, n'est-ce pas une bonne façon de lui faire la nique ? Au titre des curiosités on notera la présence de Madonna dans un joli petit rôle, et celle de Jody Foster en jolie prostituée. Le film est d'une telle richesse qu'on pourrait en parler pendant des heures... A remarquer la subtile petite vanne contre le clergé.