Avec ce film, Woody Allen veut rendre hommage à l'expressionnisme allemand, on pense bien sûr à M le maudit pour l'utilisation de la lumière et le côté très embrumé de l'intrigue, mais aussi à Kafka.
Car Woody lui-même joue un petit employé, poltron au possible, qui se fait utiliser par la milice pour laquelle il travaille....sans qu'il ne sache à quoi il va servir une fois tiré du lit ! Et tout ça alors qu'un tueur mystérieux rôde dans cette ville indéterminée, mais là aussi, qui fait penser à du Fritz Lang.
Il est difficile d'en dire vraiment plus, d'autant que le film est très court, moins de 80 minutes, mais c'est clairement un coup de chapeau de Woody Allen à ses pairs cinématographiques, et on retrouve aussi le thème de la magie, qui revient de temps en temps, comme dans Meurtre mystérieux, Alice ou plus tard Scoop. Mais, tout comme ce dernier, Ombres et brouillard met très bien en scène l'absurdité de la vie, d'où la très jolie scène finale. Le ton du film, qui fait penser au départ à du Kafa, prend finalement un ton plus léger, en particulier grâce aux facéties de Woody soi-même.
C'est aussi l'occasion de voir une formidable Mia Farrow, avaleuse de sabres dans un cirque itinérant qui finit par prendre le chemin de la prostitution, là aussi dans un moment formidable, sans vulgarité.
Le reste du casting est à l'avenant, comme Jodie Foster, Kathy Bates, Madonna, John Cusack, Donal Pleasance ou encore John Malkovich.
Ombres et brouillard est un film plutôt méconnu dans l’œuvre de Woody Allen, sans doute à cause de sa forme radicale, mais à la photo magnifique noir et blanc, mais aussi parce que ce fut un énorme échec commercial. Pourtant, il est de bon ton de redécouvrir du Fritz Lang période M à la sauce Woody Allen, ça vaut le détour.