Revoir vingt-cinq ans après un de ces films d’enfance qu’on a du se taper cinq ou six fois dans la même semaine avant d’oublier jusqu’à son existence n’est pas toujours chose aisée…
Déjà, c’est tellement mauvais pendant toute la première partie que je me suis demandé si ce n’était pas une suite honteuse qu’on me refilait sous un nom proche… C’est l’histoire, très mauvaise, du couple de Tendre Poulet, la commissaire Tanquerelle et le professeur Lemercier qui vont en Grèce pour leur voyage de noces, ils rencontrent un débile profond d’archéologue et sa poule nympho et il y a une vague histoire de bout de statue volée, de cavale à travers le pays et ça se termine n’importe comment dans le monastère orthodoxe du Tintin et la Toison d’Or ou de Rien que pour vos yeux…
D’emblée, le casting de huitième zone s’annonce cauchemardesque, Francis Perrin est une sorte de sous-Pierre richard, probablement pour ça que Scritch adore, il préfigure un peu ici le personnage de la Chèvre qui sortira l’année suivante, il y a Roger Carel, Alexandre Mnouchkine, Marc Dudicourt en commissaire local dégénéré et Catherine Alric dans un autre rôle que dans l’opus précédent et tout le monde ânonne difficilement les mauvais dialogues d’Audiard dans un canevas de film Z embarrassant où le gras fait office de mauvaise habitude revendiquée…
Avec ça un couple principal déséquilibré pour qui a du mal à supporter l’adipeux Philippe Noiret qui ose à un moment exhiber son difforme corps rose dans un bain de soleil digne des meilleurs films d’horreur. Je ne relève même pas les multiples aberrations historiques où l'Hellène s'égara, la simple utilisation d'un Dieu Romain dans le titre pour sacrifier la mythologie au calembour est en soi une déclaration de principe.
Heureusement, Annie Girardot permet de suivre ça sans trop de souffrances, à la force du poignet et j’ai presque envie de me faire le premier épisode maintenant…
Oui, parce que faut dire aussi qu’à un moment on retrouve le De Broca qu’on aime, celui qui vous emporte dans des péripéties buissonnières merveilleuses, celui qui sait prendre son temps même dans une fuite éperdue, le bon bougre de L’Homme de Rio, qui n’est ici qu’un pâle reflet, et des tribulations d’un Chinois en Chine, déjà plus comparable encore que du niveau supérieur…
Alors on s’oublie dans les paysages, la légèreté de l’ensemble, la musique de Georges Hatzinassios que je suis bien certain d’avoir entendu ailleurs et on surnote comme un chacal pour un reste de fraîcheur, d'esprit d'aventure que le cinéma français ne connaîtra plus jamais après…