"Résiste, prouve que tu existes "
Un scénario des inimitables Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri pour une réalisation d'Alain Resnais dont j'ai presque honte d'avouer que je n'ai vu que le sublime "Hiroshima mon amour", sur le papier, tout commençait bien. Et je n'ai pas été déçue de retrouver ces personnages si paumés, si humains et si pudiquement mis en scène, avec distance et humour, par le duo de scénaristes si cher à mon cœur. Car oui, Bacri et Jaoui, ce sont mes petites tendresses à moi, ces deux là savent mettre à jour des fêlures au cœur de personnage qu'on aurait adoré détesté et qui adorent se détester, se rencontrer, se fourvoyer, se morfondre. Et surtout, valdinguer ensemble dans des soirées où tout échappe au contrôle.
C'est très agréable à regarder, parfois touchant, souvent drôle, que de voir ces gens qu'on pensait des ringards, légèrement looser, se rendre compte que l'école est finie, que la vie a une fin, qu'ils ne sont pas avec la bonne personne...
Sur ce fond scénariste habituel de nos deux observateurs de l'humain, se colle la réalisation de Resnais, qui y ajoute des "chansons populaires", où l'on quitte Gainsbourg et son "je suis venu te dire que je m'en vais", pour lancer un joyeux refrain qui dit que tout ira mieux. C'est agréable et souvent drôle de les voir en play back, reprendre ces chansons pour donner toute leur vérité à des personnages qui masquent beaucoup d'eux, pour paraître solide...Et qui finalement résiste comme ils peuvent pour s’accommoder de la vie, en non-héros qu'ils sont, en personnages populaires et attachants... Il n'y a pas de quoi crier au génie, mais c'est un moment comme Jaoui, Bacri et toute la clique des acteurs présents savent faire: doux, sucré et pleins de quiproquos qui font sourire. Et qui mettent tout leur coeur à interpréter des êtres qui simplement veulent exister ...