J'avais beaucoup aimé le premier film de Pascal Elbé, nettement moins le second : j'étais donc curieux de savoir de quel côté la balance allait basculer. Bonne nouvelle : c'est plutôt du bon. Non pas que celui-ci se soit transformé en grand metteur en scène ou en conteur d'une subtilité absolue, deviner dans les grandes lignes le déroulement du récit n'étant pas bien compliquée. Cela écrit, au moins a t-il le mérite de ne pas le faire en ligne droite, prenant grand soin de tout ce qu'il y a autour d'un scénario qui aurait pu facilement virer au gentillet. Certes, on a compris que les prothèses auditives, ce n'est pas valorisant et qu'il faut un (gros) temps d'adaptation, ce que l'acteur-réalisateur nous explique à coups de gros montages sonores réguliers.
On frôle également le comique gros sabots à deux-trois reprises, sans y tomber ouvertement. Mais il faut reconnaître que l'ami Pascal a le sens du rythme, des situations et des dialogues, rendant presque plus réussis les à-côtés que la romance, par ailleurs sympathique. Il y a quelques passages vraiment drôles et que le scénario soit partiellement autobiographique se ressent tant le bonhomme met du cœur à l'ouvrage, notamment à travers ce décalage savoureux et très juste entre le « drame » que s'avère cette perte d'audition pour le héros et la presque indifférence polie qu'elle provoque chez son entourage, doublée d'une réflexion discrète sur la solitude, à laquelle on finit, presque inconsciemment, à s'habituer.
Plaisir, également, à voir une « comédie romantique » s'attacher à des quinquas, certes assez fringants, mais loin du jeunisme auquel nous nous sommes, sans doute, un peu trop souvent habitués. Plaisir, enfin, des personnages, presque tous réussis à différents degrés, des premiers rôles aux beaucoup plus secondaires, portés par un casting à la joie souvent communicative : le duo Pascal Elbé - Sandrine Kiberlain (toujours aussi radieuse) fonctionne, Valérie Donzelli, François Berléand ou la toujours merveilleuse Emmanuelle Devos, pour ne citer qu'eux, ont tous une part importante à jouer. Une quasi comédie à l'américaine gardant quelques caractéristiques bien de chez nous : pari modeste, sans doute, mais plutôt réussi.