Film de super-héros est souvent synonyme de surenchère d'effets visuels, de mythologie et de personnages charismatiques. Rien de tout ça dans Jeeg Robot, qui offre un visuel bien différent de ce que sont habitués à voir les amateurs du genre : décor de banlieue urbaine, « héros » de seconde main, malfrat raté, solitaire et insignifiant... Surtout, l'ambiance se veut plus réaliste et crédible (faute de moyens, en bonne partie) que dans les films de major américain. On est plus proche de Incassable de M. Night Shyamalan (2000) ou de Super, de James Gunn (2010), que de Man of Steel (Zack Snyder, 2013) ou Avengers (Joss Whedon, 2012)...
Pour autant, sur le fond, la trame est assez classique et respecte l'adage de l'oncle Ben de Spider-Man : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Aussi le zéro Enzo se transformera en héros une fois qu'il aura rencontré son égérie, Alessia, jeune fille fragile qui trouve son salut dans un manga où le super-héros s'appelle... Jeeg Robot. Notons la performance de l'actrice Ilenia Pastorelli qui compose un personnage plus original psychologiquement. Entre elle et Enzo naîtra ainsi une romance peu banale et émouvante. Et qui dit super-héros dit opposition avec les forces du mal : en l'occurrence, un mafieux, le Gitan, obsédé par sa quête de pouvoir et qui voudra à tout prix acquérir les mêmes que le protagoniste principal. Instable, dangereux et froid, le personnage incarné Luca Marinelli n'est pas sans rappeler certains personnages bien connus de comics, le Joker (Batman) et Loki (Thor) en tête.
On peut donc regretter que derrière ce vernis original et à contre-courant des grosses productions hollywoodiennes se cache un film assez conventionnel, finalement. Pour autant, Jeeg Robot reste un film d'une efficacité remarquable.