On l’appelle Jeeg Robot. C’est un super héros issu ni des comics US ni des personnages de la BD franco-belge, mais un braqueur paumé de la banlieue romaine doté d’une force surhumaine, tel le super robot japonais Jeeg Robot ! Etrange fusion pour un film 100% italien (malgré un carton titre en japonais bien évidemment dans le thème mais très déstabilisant quand on est habitué à voir de nombreux blockbuster américains aux producteurs asiatiques).
Le film de Gabriele Mainetti, récompensé dans de nombreux festivals en France comme en Italie (Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2017, Festival du Film Italien de Villerupt et L’Etrange Festival en 2016 et primé plusieurs fois au David di Donatello en 2016) souffle un vent frais sur le cinéma italien et européen de genre.
Anti-héros bénéficiant de supers pouvoirs après un bain dans le Tibre pour échapper à la police et une chute fidèle à celle de Michelle Pfeiffer dans Batman Le Défi, Enzo (Claudio Santamaria) se retrouve également avec les responsabilités qui incombent aux héros : une princesse à défendre et un méchant à combattre dans une Rome étranglée entre les restrictions européennes et les attentats politiques. Lourdes charges pour un super qui reste un braqueur mais devient malgré lui un signe d’espoir pour le peuple fatigué, en témoigne un graph de Bob Marley dans la cité, se transformant en un graph de ce super braqueur anti-système. L’Italie, comme le reste du monde dans les films de super héros, a besoin de quelqu’un pour résoudre ses problèmes, combattre les méchants capitalistes, ou ceux qui font exploser leur ville en réponse à cela. Un héros contre la guerre menée sur tous les fronts.
Persuadée qu’Enzo incarne le robot d’acier japonais, Alessia (Ilenia Pastorelli), la fille abusée d’un malfrat ayant employé Enzo, celle-ci reconstruit l’univers du manga autour des histoires mafieuses et violentes qui l’entourent. Le nouvel héros doit alors se comporter comme tel car elle, la princesse traumatisée ayant trouvé refuge dans le manga, a besoin de lui pour retrouver son père et sauver l’humanité. Pourtant, le méchant (Luca Marinelli), chanteur raté sorti tout droit de la télévision débile, n’en veut pas à l’humanité, mais à la célébrité acquise malgré lui par le héros sur les réseaux sociaux. Ainsi, s’entremêlent politique, guerre mafieuse et folie humaine vers le drame qui poussera réellement Enzo à porter son rôle de héros.
Sans grande innovation face à la figure du héros, à ses antagonistes et à ses enjeux, le film de Gabriele Mainetti reste tout de même un plaisir frais, violent et plein d’humour, dans une Rome moderne, traumatisée par les crises successives, identitaires, économiques et politiques.
Lire l'article sur L'ARTillerie Culturelle.