Sur une trame classique, voire éculée (suite à un accident, un type que rien ne prédisposait à l'héroïsme se retrouve doté de pouvoirs surhumains et encombré d'une orpheline attendrissante), On l'appelle Jeeg Robot déploie des trésors de bonne volonté pour faire la démonstration qu'il n'est pas nécessaire d'être Américain et d'avoir un budget supérieur au PIB du Luxembourg pour livrer un film de super-héros qui fait parfaitement le boulot.
Entre l'hommage à une culture manga désuète et l'ambiance mafieuse des bas fonds romains, ce film italien aussi modeste qu'ambitieux joue sur différents tableaux, tout à la fois comédie, tragédie romantique, mini épopée de gangsters et vrai film de super héros. Si les codes sont connus et les ressorts sans surprise, ce long métrage va chercher son originalité dans la nature même de son personnage central (petite frappe au cœur tendre qui commet bien des méfaits et des maladresses avant de se tourner vers le bien sur le tard) et la noirceur absurde du (encore plus) méchant qui louche sur ses pouvoirs (un ancien candidat de télé réalité devenu apprenti Tony Montana en quête de buzz Internet).
Personnages bigarrés et troublants dans leurs fêlures comiquo-mortifères, absence quasi totale d'effets spéciaux pour une réalisation qui privilégie le système D et un réalisme urbain dépouillé, efficacité d'une action sans esbroufe et des émotions franches : voilà une vraie petite réussite très rafraîchissante en cette période d'avalanche de blockbusters DC et Marvel qui finissent par se confondre les uns avec les autres.