Classique parmi les classiques, On l’appelle Trinita entre dès sa sortie au panthéon des comédies italiennes et des westerns spaghetti (le film se classe 10e au sondage SC).
Il s’agit du buddy movie qui propulse le duo Terence Hill et Bud Spencer – de leurs vrais noms Mario Girotti and Carlo Pedersoli – au rang de superstars mondiales. Moi qui pensais qu’il s’agissait de leur première collaboration… On l’appelle Trinita est en réalité leur 5e film ensemble (sur un total de 18 !) après le péplum Hannibal en 1959 (où ils sont encore crédités sous leurs vrais noms), et les westerns Dieu pardonne… moi pas en 67, Les 4 de l’Eva Maria l’année suivante, et La colline des bottes (renommée après coup Trinita va tout casser pour des raisons marketing évidentes) en 1969.
Cette comédie parodique connaît un succès fulgurant en Europe et outre-Atlantique. Le film devient le plus gros succès au box-office italien, titre qu’il garde durant 16 ans, jusqu’en 1986 ! L’engouement est tel qu’on dénombre au bas mot une dizaine de films reprenant dans leur titre le nom de Trinita, parfois même sans les deux complices…
Le nom du réalisateur Enzo Barboni n’a pas laissé la même empreinte que son compatriote Sergio Leone. Pourtant, le bonhomme compte un bon nombre de succès au compteur : de On continue de l’appeler Trinita à Deux Super-Flics, en passant par Quand faut y aller faut y aller, Attention les Dégâts, Renegade, Les Anges Mangent aussi des Fayots. Des titres fleuris comme seule l’Italie de l’époque savait en trouver ! Il paraîtrait que le titre de On l’appelle Trinita ferait quant à lui référence au personnage The Man with No Name de Clint Eastwood.
La paire Terence Hill / Bud Spencer incarne ici les personnages de Trinita et Bambino, deux demi-frères que tout oppose, du physique au caractère. Trinita, c’est le maigrelet tombeur de femmes, le petit nerveux cherchant la bagarre, le blondinet séducteur. Bambino, c’est le balourd bougon, doté d’une force colossale autant que d’un appétit démesuré, bandit maudit qui se fait passer pour shérif après avoir malencontreusement estropié le véritable représentant de la loi. Leur point commun ? Leur rapidité de la gachette, qui leur vaut les surnoms de Main droite et Main gauche du Diable (et qui donne lieu à un dialogue particulièrement savoureux dans le film). En quête de trésor, ils vont faire équipe pour protéger une colonie de mormons des assauts de riches propriétaires terriens et d’avides bandits mexicains.
Bien que le film reprenne en parodiant de nombreux poncifs du genre, des bagarres de saloon aux gunfights en pleine grande rue, le long métrage plaît pour sa fraicheur et ses séquences amusantes. Le film s’ouvre par exemple sur Trinita, allongé paresseusement dans une sorte de brancard de bois (devenu iconique, et qu’on retrouve sur l’affiche) tiré par son cheval. Un moyen de locomotion tout à fait surprenant, qui a le don de mettre le spectateur de bonne humeur !
Trinita, c’est avant tout des scènes de bagarres d’anthologie (où les claques fusent de toutes parts dans un joyeux bordel – la scène finale a elle seule aura demandé 10 jours de tournage), et des punchlines de toute beauté.
Comme souvent dans les westerns, la bande son, en particulier la musique, est extrêmement travaillée. La chanson du film est devenue un classique. Elle n’est pas signée Ennio Morricone mais Franco Micalizzi, et son thème sera repris plus tard par Quentin Tarantino pour son Django Unchained.
Alors faites donc comme Trinita dans son brancard en bois : sit back and relax, vous êtes devant un film culte !