Où l'on suivra les aventures d'un docteur aux méthodes originales (il cherche plus à soigner le patient que la maladie proprement dite, quitte à user de techniques aussi saugrenues que la psychologie (!)), aux prises avec un confrère jaloux désireux de le faire tomber en dévoilant son passé (forcément) trouble et une jeune fille enceinte (mais non mariée, quelle horreur) amoureuse et fragile psychologiquement.
Un film touchant, drôle et réjouissant, qui se paye le luxe de proposer à la fois un vibrant plaidoyer pour une médecine humaniste, un réquisitoire convaincant contre les bassesses de la dénonciation, du flicage et de la calomnie (Maccarthysme tout ça, mais le thème est finalement assez universel), une mise en garde lucide sur les dérives de la peine de mort, et une histoire d'amour ma foi assez adorable.
Honnêtement, l'œuvre est critiquable sur pas mal de points. L'intrigue part un peu dans tous les sens, les personnages sont beaucoup plus manichéens que dans la plupart des Mankiewicz, le héros fait légèrement "tout-puissant" (ce qui a en général le don de m'exaspérer, cf. Le Rebelle), certains rebondissements se passent d'une manière que l'on pourrait qualifier de "facile".
Mais grâce à l'humour omniprésent (teinté d'une auto-dérision délicieuse, "pompous know-it all"), au charme de Cary Grant (cabot juste ce qu'il faut), aux seconds rôles géniaux (mention spéciale à Finlay Currie, au visage incroyablement émouvant), aux dialogues jouissifs ("If Mother Nature had her way, there wouldn't be a human being alive"), à une mise en scène sans tâche, j'ai passé la majeure partie de mon visionnage avec soit un sourire béat, soit la larme à l'œil (notamment lors du dévoilement de l'histoire de Shunderson).
Et ça, simplement ça, me permet de passer outre tous les éventuels défauts.