Le titre est énigmatique, l'héroïne est énigmatique -on ne sait pas vraiment d'où elle vient, elle ne sait pas trop où elle va-, le flic est lui-même une énigme -qui est-il, à vouloir ainsi endosser les habits de la victime, à se perdre dans des chemins qui n'étaient pas les siens ?-...
"On ne meurt que deux fois" est un film noir bien servi par un scénario plutôt habilement ficelé, quoique légèrement outré sur la fin; par les dialogues brillants de Michel Audiard, même s'ils brillent ici parfois avec un peu trop d'éclat; par Charlotte Rampling, qui habite intelligemment son personnage, même si on devine de-ci de-là derrière le rideau la silhouette de quelques garces hollywoodiennes des temps anciens; par Bacri et Roussillon dans des seconds rôles (oublions s'il vous plait Xavier Delluc)... et bien servi davantage encore par Michel Serrault, qui après "Pile ou Face", "Garde à vue", ou "Mortelle Randonnée" -par exemple- s'imposait à l'époque comme un comédien sans rival pour jouer avec autant de finesse, de présence et de vérité les névroses ordinaires et les ambiguïtés de la nature humaine.
Et c'est ainsi, tout cela rassemblé, que ce type de situation, de scénario (n'en disons pas trop, au cas où) peut, dans le cadre d'un film de genre, être le support d'un bel exercice de style.
Mais Jacques Deray n'a pas de style. Du métier, du savoir-faire, une certaine efficacité, mais ici en tous cas, pas de style.
Si bien que le vague ennui qui nous prend, lui, n'est pas une énigme.