Bill Murray chez Sofia Coppola, bien sûr qu'on prend. Ici, dans On the Rocks, plus question d'être perdu dans la traduction mais cette fois dans la trahison, du moins supposée, bref dans l'adultère. Le couple formé par Rashida Jones (excellente) et Marlon Wayans (passable) ne mène pas une vie très excitante, vu de l'extérieur, mais ce n'est évidemment pas le sujet du film, qui s'intéresse davantage à un autre duo, père/fille, le premier possédant une certaine emprise sur la deuxième, au point de l'embarquer dans une aventure écervelée. Rien de très consistant dans un scénario assez léger mais suffisamment bien construit pour que l'ennui, ce thème chéri de Sofia Coppola, ne s'invite pas. Il y a presque toujours ce côté agaçant chez la cinéaste de s'attacher à des personnages sans problèmes de fin de mois, dégustant du caviar en décapotable ou s'envolant toutes affaires cessantes pour le Mexique. Mais bon, elle parle de ce qu'elle connait, à savoir le goût des bonnes et belles choses, cela ne sert à rien, par conséquent, de lui reprocher. Le plus du film, c'est bien entendu Bill Murrray, qui jubile en dandy (daddy) sans limite d'âge, élégant jusque dans son cynisme, que la caméra de Sofia adore et nous de même. Parce qu'au fond, n'importe qui voit bien, derrière son attitude bravache, la peur de ne pas être aimé (notamment de sa fille) et la hantise de la mort, de toute évidence. Comédie légère, On the Rocks se déballonne un peu dans son dénouement mais reste un divertissement charmant et sans conséquences, qui trouve finalement bien sa place sur le petit écran, plutôt que le grand. Pour davantage d'ambition, on attendra le prochain long-métrage de la réalisatrice.