Mine de rien, je me demande si je n'éprouve pas un syndrome de Stockholm devant le cinéma de Sofia Coppola, dont j'ai détruit Les proies, qui tourne un peu en rond (comme Somewhere), mais au final, j'y reviens toujours.
Pourtant, On the rocks parle encore et toujours du thème qui semble l'obséder, à savoir la solitude. Celle d'une femme, jouée par Rashida Jones, qui se sent délaissée par son mari, Marlon Wayans, et qui est poussée par son père, Bill Murray, à savoir si il la trompe.
A vrai dire, l'enquête n'a en soi que peu d'importance, car il s'agit avant tout du rapport père-fille auquel on assiste. Et c'est l'occasion, pour la troisième fois, de revoir Bill Murray chez Sofia Coppola, qui est encore formidable. Il traine à la fois son air nonchalant, revenu de tout, mais il n'arrête pas de mettre le doute chez sa fille en lui faisant des théories fumeuses comme quoi l'homme doit à un moment ou un autre quitter son épouse, il a le besoin et le désir de voir ailleurs, en prenant son propre passé.
Il y a une scène qui est presque du screwball comedy, où le duo père-fille se met en tête de filer le mari supposé adultère dans une voiture décapotable rouge vif ; pas très discret. Puis, on s'aperçoit qu'elle est si vieille que Murray est obligé de conduire à fond au risque de caler, ce qui ne manquera pas d'être signalé par la police. Et enfin, Bill Murray va tellement retourner la situation à son avantage qu'il va réussir non seulement à ne pas payer la contredanse, mais également à ce que les policiers lui poussent sa voiture à redémarrer ! La comédie pure est un genre où Coppola n'a pas trainé les pieds, et rien qu'à voir ce moment, ça lui ferait du bien.
Rashida Jones est également très bien, je ne la connaissais pas vraiment, car pour une fois, il s'agit d'une femme mûre, donc sans existentialisme adolescent à poser sa tête contre la vitre. Ce doute vis-à-vis de son mari, qui est un homme très gentil et adorable avec ses deux filles, la bloque dans l'écriture de son roman et dans sa vie.
En fait, On the rocks aurait très bien pu être un court-métrage, on aurait pu supprimer la partie au Mexique. Mais je dirais qu'il s'adresse avant tout aux connaisseurs du cinéma de Coppola fille ; ça ne révolutionne rien, ça a son charme, mais rien que pour Bill Murray, ça se regarde. Mais encore une fois, j'aimerais bien la réalisatrice aller sur un autre terrain que ce qu'elle pratique depuis deux décennies.