Sous ses airs de comédie, Sofia Coppola délaisse enfin la langueur hypnotique au profit d’un rythme plus alerte, porté par l’alchimie d'un duo entre Rashida Jones et Bill Murray. L’un voltige, l’autre s’ancre, et de cette asymétrie naît une relation paternelle entre exubérance et intériorité. Murray, en père cabot et charmeur, incarne un monde révolu où la séduction était un art de vivre ; Jones, en fille spectatrice de ses frasques, traduit par ses silences un trouble plus profond, celui d’une femme qui ne sait plus très bien où elle se tient, ni auprès de qui.
La ville, comme toujours chez Coppola, n’est pas un simple décor mais un espace mental où se jouent les dilemmes. Les bars feutrés, les ruelles désertes, les voitures qui roulent dans la nuit composent une ville flottante.
Mais si On the Rocks charme, il reste un film d’instantané, un éclat plus qu’une œuvre qui marque au fer. L’intrigue, trop ténue, ne creuse jamais vraiment son potentiel dramatique, effleurant plus qu’elle ne dissèque la mécanique du doute et du désenchantement.
L’émotion affleure, mais ne bouleverse jamais.
De prime abord mineur dans sa filmographie, On the Rocks n’en demeure pas moins une pièce élégante, un film où l’on se love.