On va tout péter
6.9
On va tout péter

Documentaire de Lech Kowalski (2019)

La faim justifie les moyens... Coquille authentique découverte dans une des épreuves du BAC 2022 !

Avant de vous dévoiler mon opinion sur ce film, il faut vous dire que je suis né dans l'ex Région du Nord-Pas de Calais, une des plus industrialisées de France et qui a perdu progressivement toute sa richesses de productivité industrielle, après la seconde guerre mondiale...

La fermeture des mines a commencé cette descente aux enfers, avec ces mineurs qui eux n'y iraient plus jouer du marteau piqueur ou des explosifs, perdant de fait le statut professionnel lié en compensation de ce travail de forçat, abrégeant le "reste à vivre" de beaucoup d'entre eux.

Il faut dire que ces mineurs de fond avaient la détestable puissance de pouvoir paralyser l'économie française, liée aux grèves qu'ils pouvaient déclencher... Et quand l’État devient trop dépendant, il cherche la parade !

Puis, face au fuel, les coûts d'extraction de l'or noir devenaient trop onéreux... Même comparés aux mines à ciel ouvert de l'étranger...

Quand on pense qu'on les ré-ouvre en Allemagne en 2022... Les HBNPC ressusciteraient-elles ?

Il y au eu aussi le déclin progressif, lent comme un cancer qui ronge, du textile dont Roubaix était la figure de proue, au point , d'y avoir organisé jadis une exposition universelle d'où Leeds (rivale anglaise) avait été bannie.

Ma mère, tour à tour éplucheuse, piqûrière, stoppeuse, éplucheuse, a dû à ces métiers d'avoir pu m'élever en travaillant à domicile. Je n'ai connu ni les crèches, ni les nounous... Alléluia.

Comme tant d'autres enfants du baby-boom ch'ti, j'ai donc été élevé à la suie et poussière du charbon de la cuisinière, mêlée à celle des tissages qui livraient de lourdes pièces de tissu dont il fallait corriger tous les défauts entourés à la craie par une visiteuse et servant à la rémunération des ouvrières à domicile. Les métiers à tisser des usines environnantes avaient eux aussi, souvent des "bugs" entraînant des défauts de confection.

ll fallait réparer les défauts de tissage avant de les teindre. Car j'avais droit aussi aux émanations de trichloréthylène, white-spirit, ammoniaque, javel,acétone, acides divers répandus par la teinture de l'usine Rossel à cent mètres à vol d'oiseau... Rien qu'à les sentir ou pas, je pouvais dire dans quel sens le vent soufflait ! Maman a un jour été licenciée. Dans l'indifférence générale... La chose était banalisée : quelqu'un avait prédit que l'herbe pousserait un jour entre les pavés de Roubaix ; il avait raison, sauf que depuis, c'est du goudron. Toutes les hautes cheminées d'usine qui dans les rues vomissant leurs suies de charbon, voisinaient avec les tilleuls, s'éteignirent à jamais.

Des empereurs du textile ayant pour noms Masurel, Tiberghien, Prouvost, Cavrois, Lepoutre, Mulliez (...) disparurent à jamais. Peu trouvèrent à se reconvertir...

Les écolos de nos jours me font bien marrer avec leur acné écologique : s'ils avaient respiré ce qu'il m'a bien fallu endurer tout jeune ! De plus, les brouillards étaient si nombreux et fréquents à l'époque que pour me rendre à l'école, il me fallait parfois me mettre un mouchoir (en tissu) sur le nez pour ne pas suffoquer. Masqué avant le covid sans que ça n'émeuve personne. Même la "radio" (à galène) était embryonnaire et n'existait que Radio Lille et ses animateurs patoisants.

Or à l'époque, on ne parlait que... de la pollution parisienne...

Il reste près des vestiges d'usines de ces courées aux logis insalubres qui telles des sangsues, se collaient à leur murs, dotés de WC aussi collectifs qu'extérieurs tout comme l'eau (froide) courante et gratuite.

Disparurent aussi toutes les entreprises liées à l'énergie charbonnière : la chimie, la métallurgie, la sidérurgie...

Devant les offres d'emplois surabondantes, de mulltiples européens avaient afflué de pays moins riches : belges (comme certains de mes aïeux) italiens, polonais, tchécoslovaques, yougoslaves, espagnols, portugais puis des arabes sur la fin...

Tout ceci à titre de témoignage, mais surtout pour vous dire que le bouillon du chômage, je suis tombé dedans tout petit, et qu'il fit partie de mon environnement quotidien...

Au point de fuir désormais bien souvent tous les reportages et documentaires sur le sujet puisqu'ils sont invariablement les mêmes, et avec les mêmes fins, les mêmes conséquences. Actuellement, c'est Bridgestone (après Continental) qui malgré son usine bénéficiaire de Béthune a décider d'accroître ses gains en délocalisant sa production en Pologne... Et d'aller voir ailleurs là où l'herbe est plus verte...

Ca va vous faire sourire, je n'achète plus de pneus de ces négriers modernes, de leurs marques ou sous-marques.

Je me suis donc posé cette question : Mais qu'est-ce donc qui a fait courir Lech Kowalski, pourtant britannique, mais vraisemblablement issu de souches polonaises ? On se demande du reste pourquoi certains passages sont en langue anglaise, ce qui apparaît incongru pour un drame français à la Zola, écouté par eux !

Et puis, si les réalisateurs ne se bousculent pas pour pondre des comédies amusantes, très difficiles à concevoir , ils guettent comme des vautours sur les cadavres, le moindre drame...

Comme naguère ces paparazzi qui fouillaient les poubelles de stars pour connaître leurs marques de préservatifs. Kowalski,, m'interrogeais-je, ne serait-il pas de ces mouches attirés par une bouse de vache et s'en repaître ?

A sa décharge, tout licenciement, qu'il soit collectif ou individuel, constitue un drame, mais tellement aggravé avec la mondialisation que mon accoutumance au phénomène ,que j'ai connu jeune, s'est développé tous azimuts.

Au point de voir une entreprise de tannerie (le pire qui soit pour une rivière) quitter l'agglomération lilloise pour s'installer en Bretagne plus préoccupée par la création d'emplois que pour la pureté de ses eaux... On ne parlera donc jamais assez de la détresse de ces chômeurs qu'on appelle souvent différemment pour en faire hypocritement et artificiellement diminuer le nombre ! Comme avec ces multiples formations aussi inutiles que souvent stupides.

Ce n'est pas non plus qu'on manque d'emplois, c'est qu'ils sont de plus en plus incertains, de plus en plus mal payés, et que les occuper ressemble à de l'esclavage... Quand il ne faut pas en cumuler deux.

Certains cuistots de petits restos (aux convention collectives bien limitées) ont des amplitudes de travail de 14 heures ! Ne parlons pas de leurs loisirs, ni de leurs vies de famille. Donc, le récit de Kowalski n'apporte rien et conforte un pathos, une crainte... qui attend chaque travailleur.

Alors notre cœur saigne en voyant ces prometteurs de solutions miracles, ces réunions de concertation stériles avec les politiques, le pognon reste le seul nerf de la guerre et le patron qui acceptera de reprendre tous ces aigris du marché de l'emploi, dont la plupart a trente années de boutiques, a bien du courage malgré un aspect extérieur peu amène.

Alors, le documentaire de Kowalski aura-t-il apporté quelque chose ? On lui reconnaîtra d'avoir joué avec le feu et s'être brûlé...

Quand la Police lui a refusé que soit enregistré l'hallali constituant à vider l'entreprise de ses salariés qui l'occupaient encore, le réalisateur a été mis en taule une nuit et accusé de rébellion ! C'te bonne blague ! Rébellion ? Le motif ne tient pas sur le plan légal.

Une pétition de 400 cinéastes avait eu raison de l'entêtement de la Justice, et le tribunal de Guéret a abandonné les poursuites et classé l'affaire sans suite.

On ne parle que des trains en retard... Et c'est aujourd'hui le silence autour de la nouvelle usine ayant succédé à GM&S, mais avec moins d'ouvriers. Plutôt bon signe ?

Et le réalisateur, qui d’ordinaire aime à s'aventurer dans des milieux interlopes, a-t-il cherché à renforcer sa publicité ou dénoncer un fait-divers sulfureux ?

Seuls les involontaires héros du naufrage de l'ancienne entreprise (qui dépendait pourtant de nos constructeurs automobiles) pourraient répondre. D'où ma notation très neutre, incertaine même...

Qui je le rappelle ne concerne pas le drame lui-même mais l'opportunité et sa réalisation elle-même.

Arte le 26.07.2022-



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le 13 août 2022

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