Chef d’œuvre annoncé, nouvelle madeleine de Proust d’une génération de cinéphiles, le nouveau film de Tarantino s’impose déjà comme un chef d’œuvre d’une époque très pauvre en créativité cinématographique.
Avant de mentionner toute critique, on ne pourra nier de façon objective la véritable déclaration d’amour de Tarantino pour le Cinéma, sa minutie dans la retranscription d’une époque, son véritable travail effectué dans l’écriture ainsi que son effort notable dans l’élaboration d’une mise en scène différente et plus mature que celle de ses précédents films (sans oublier une superbe direction d’acteurs dans laquelle DiCaprio semble pour une fois capable de s’effacer derrière son personnage).
Seulement voilà, l’expression sincère d’une mélancolie n’ayant jamais été un gage de qualité cinématographique, Once Upon a Time in Hollywood s’impose comme une nouvelle expression de l’univers mental purement abstraite de son auteur : celle d’une mise en scène d’un simulacre des sixties, d’un brossage de poil caractérisé du spectateur dans ce qui constitue sa potentielle culture cinéphilique, d’une appropriation de personnes ayant réellement existé (mention spéciale à l’évocation totalement méprisable d’un Bruce Lee comme demeuré totalement grotesque) comme reproductions de motifs accouchant d’une pauvreté thématique…
Film purement abstrait, Once Upon a Time in Hollwyood aborde l’immonde lorsque son auteur se permet de réécrire l’Histoire
(l’aspect révisionniste de Tarantino n’ayant jamais été caché, ce dernier cependant dépasse une nouvelle couche lorsqu’il se permet la négation de l’une des plus grandes boucheries de l’Histoire d’Hollywood par simple désir d’exprimer la dimension féerique et symbolique de son amour cinématographique…)
Certains seront charmés, d’autres ne pourront être que « nostalgiques » de voir Tarantino, tête de proue d’une génération de cinéastes cinéphiles des années 90 (avec les frères Coen, Soderbergh ou encore Danny Boyle), véritable inventeur d’une forme cinématographique moderne avec ses magnifiques Réservoir Dogs et Pulp Fiction, se retrouver aujourd’hui comme membre partie prenante d’une meute nostalgique d’un âge d’or hollywoodien, accouchant d’une œuvre se voulant celle d’une déclaration d’amour au Cinéma mais se retrouvant malgré elle comme un cirage de pompe de l’industrie Hollywoodienne (ce qui ne manquera certainement pas à l’ancien protégé d’Harvey Weinstein de recevoir des fameuses statuettes dorées d’ici le début d’année prochaine…)
Le dernier film de Tarantino est bel et bien le film somme de la filmographie de son auteur : le film d’un cinéphile, d'un véritable virtuose de la mise en scène à l’écriture superbe, mais malheureusement incapable d’aborder le réel…