Que ressentez-vous quand vous voyez le soleil se coucher un soir de fin d'été sur la plage ? Moi, je ressens ce qu'a semé Once Upon a Time in Hollywood en moi.
Car ce film est crépusculaire. Il parle de la fin d'une époque, celle du Hollywood flamboyant, du flower power et de l'Amérique fantasmée. C'est la fin des hippies, de l'insouciance, et cela préfigure, une décennie après, celle du Nouvel Hollywood, ici ressuscité d'une certaine manière. Et Quentin Tarantino est parvenu à encapsuler ce moment d'une façon parfaite. D'abord, par les figures qu'il ressuscite (Steve McQueen, Robert Wagner, Sharon Tate, Burt Reynolds, Sergio Corbucci et tant d'autres), et par les thèmes qu'il invoque.
De ce film je retiens surtout cette superposition superbe de trois anthologies, suivant les parcours plus ou moins aventureux de Rick Dalton, Cliff Booth et Sharon Tate, à Hollywood. Tarantino revisite l'histoire. Celle de Charles Manson et de Sharon Tate, celles des acteurs de séries (les Burt Reynolds et autres Kurt Russell), celles du Hollywood classique face à l'émergence du Nouvel Hollywood.
Ceux qui attendent le Tarantino qu'ils ont connus à l'adolescence seront déçus. Sans pour autant être un "film de la maturité" (le dernier acte nous prouve que le Tarantino que nous aimons tous, violent et sanglant, n'a pas beaucoup changé), seront peut-être déçu. Car peu de sang, peu de coups, peu de punchlines, mais juste une histoire et des personnages fascinants et iconisés, que nous suivrions jusqu'aux détails les plus insignifiants de leur quotidien.
Once Upon a Time... in Hollywood est le grand chef d'oeuvre de Tarantino. Une oeuvre somme qui résume ses obsessions sur l'uchronie, sur Hollywood et ses légendes. Une fenêtre le passé qui fascine le cinéphile en moi.