Vain, vulgaire, autosatisfait, d'une pauvreté crasse dans sa forme comme dans son fond, tel se présente le dernier opus du Tarantin, célébré comme il se doit comme une ode au cinéma, un alcool vieilli dans les meilleurs fûts que les vrais amateurs ne manqueront pas d'apprécier. A la place le faquin ne nous offre (pouvait-on en douter ?) que sa piquette habituelle, une immonde gnôle de contrebande dont le seul mérite sera de réaliser de façon irréversible la décérébration des miséreux qui s'en imbibent sans modération. Le plus drôle étant de voir au détour d'un article de presse DiCaprio et Pitt relayer dans un exercice de basse servilité promotionnelle les propres efforts d'autocélébration du Maître qui, comme on le sait, se distingue par sa connaissance encyclopédique du cinéma. Mais de quel cinéma s'agit-il ?
En tout cas pas de celui qui parvient à affirmer son originalité et sa force à l'époque où se déroule le cortège d'anecdotes sans saveur qui tient lieu d'histoire (pour ne citer qu'eux L'Arrangement de Kazan, Macadam cowboy ou, tiens, Il était une fois dans l'Ouest). Nooon, ça n'est pas de ce côté là que Tarantin va chercher son inspiration et sa créativité inépuisables, c'est du côté de ce qu'on appellera plus tard le "cinéma bis". Une appellation destinée à réhabiliter une floppée de films à deux balles conçus à des fins de pure rentabilité et prospérant dans la béance ouverte entre les studios en ruine et la télévision triomphante. En fait Tarantino aime dans le cinéma l'idée de sa décadence, l'idée de la caricature sans âme qu'en fait la télévision lorsqu'elle décline ses motifs dans des feuilletons interchangeables conçus pour le profit des vendeurs de lessive. Moi, franchement ça ne m'inspire aucune sympathie. Que le Tarantin prétende sublimer cet imaginaire de l'adolescent dégénéré qu'il a dû être et qui semble avoir pris le contrôle de son cerveau, je veux bien. Mais alors qu'il raconte quelque chose, ou alors qu'il fasse appel à des gens capables de le faire.
Non parce que là il faudra m'expliquer l'intérêt de regarder Leonardo cabotiner au carré pendant près de trois heures ou bien un Brad Pitt transformé en chippendale vieillissant conduire sa voiture, monter sur le toit pour avoir le plaisir de montrer ses abdos (encore) intacts à une antenne hors d'usage, ou alors préparer la bouffe à son chien (meilleure scène). C'est simple : il ne se passe rien pendant tout le film, pardon il y a un moment où on croit qu'il va se passer quelque chose, mais au final, non, rien. Ça n'est pas forcément un défaut, il y en a qui font ça très bien, un Antonioni par exemple, mais là on est quand-même à des années-lumière. Je vois bien que Tarantin a deux trois qualités pour faire des plans, c'est au moins ça, mais est-ce que ça n'est pas la moindre des choses ? Et surtout est-ce une excuse pour se farcir ces interminables scènes dialoguées auprès desquelles celles de Pulp Fiction pourraient passer pour un raffinement d'écriture ?
Mais le pire reste la fin. Une fin sans commencement, ridicule, obscène, dégénérée véritablement. Une fin pour le plaisir d'écrabouiller, d'exploser des corps sans âme, de les rôtir au son des baffles amplifiant les cris et le hurlement des chairs brûlées. Et surtout pour le plaisir de réécrire l'histoire, comme si elle n'existait pas, et aussi pour authentifier dans ce partage régressif avec le spectateur la véritable personnalité du "Maître" et son rapport au cinéma : infantile, narcissique, pervers et sans doute un peu beaucoup paranoïaque. Bravo. Pour moi c'est la dernière fois.