J'ai mis longtemps à apprécier Tarantino... mais ne pas aimer son dernier film a été beaucoup plus rapide (quoique les 2h40 passent très lentement). Le réalisateur est retombé dans son travers habituel. A force de se masturber derrière la caméra, il a oublié de faire un film. (et là, je vois déjà poindre la hargne des fans qui trouvent qu'on n'a rien compris à son génie et ne supportent pas qu'on touche à leur idole, sortes de militants UPR pour le cinéma)
Des qualités perdues
Qu'on se le dise : les acteurs sont tous excellents (dont Margot Robbie, Tarantino m'avait pourtant habitué à très mal choisir ses actrices), certaines scènes superbes, la bande-son géniale, l'image aussi... mais en vain.
La réalisation léchée fourmille de références et d'effets de style qui ne servent pas à mettre en valeur le propos. Celui-ci étant réduit à peau de chagrin, ils apparaissent comme du maniérisme prétentieux dont Tarantino a le secret. Les saynètes amusantes qui pouvaient parfois être de jolis clins d'oeil dans ses précédents films sont ici au cœur de "l'intrigue". L'amusement laisse vite place à l'ennui.
Film d'ambiance sans propos
Je peux comprendre que l'intrigue ne soit pas le centre d'un film (encore que c'est dur pour un film s"intitulant "il était une fois"...), que le réalisateur veut dégager autre chose pour servir un propos. Alors oui, on sent bien la nostalgie devant cette époque d'Hollywood. Il y a une absence de critique ou de propos sur la capitale du cinéma des 60's, c'est juste idéalisé. Margot Robbie/Sharon Tate incarne totalement ce point. Le duo DiCaprio/Pitt semble représenter Tarantino lui-même : des traits de génie fugaces et à la limite du burn-out d'un côté, monolithique s'amusant à surjouer les durs de l'autre. Le tout donne un ensemble désabusé mal assumé qui rentre mal dans le cadre du Hollywood mythique et qui ne délivre jamais aucun message.
Intrigue en carton
Mais pour revenir sur l'intrigue elle-même : il tape à côté partout :
- Le film est entrecoupé de flashbacks inutiles pour donner une illusion de rythme, mais ça fait très artificiel. L'ensemble reste trop lent.
- La scène avec Bruce Lee n'est pas drôle, elle est grotesque. (parabole sur Tarantino humiliant son idole démystifiée à travers les poings de Brad Pitt comprise)
- Le personnage de Polanski est soigneusement évité, avec une absence totale d'audace inimaginable chez Tarantino.
- Sharon Tate est un symbole, jamais une personne.
- Le mouvement hippie - qui a dérivé jusqu'au massacre de Sharon Tate et ses amis - est montré sans empathie. Sans monstruosité non plus, juste une forme de dégoût (dans une scène parodique d'horreur réussie, même si amenée de manière totalement artificielle).
La critique a besoin de spoiler pour être complète :
La scène de fin est totalement déplacée. Les scènes d'action/massacre sont souvent supposées être jouissives ou d'une horreur confinant au burlesque chez Tarantino. Ici, les hippies de la famille Manson se font massacrer joyeusement par un ancien militaire défoncé et un acteur minable rejouant une scène tarantinesque de l'un de ses succès. J'imagine qu'on est censé s'amuser avec Tarantino de cette fin alternative où la magie d'Hollywood et de ses muses innocentes est préservée. Hé bien non. On ne ressent ni plaisir ni horreur. Juste un dégoût... 2h30 juste pour ça ?