Leonardo Di Caprio, Brad Pitt, Quentin Tarantino. Trois noms mythiques du cinéma de ces dernières années, trois noms qui vous subliment un film. Trois noms qui vous font comprendre que l’industrie cinématographique n’est pas morte et qu’elle doit ses racines à ce cinéma décomplexé et talentueux des années 60. Au delà même du cadre, au delà de ce cinéma qui nous fait tant vibrer, Tarantino nous emmène dans cet Hollywood déganté, ou la carrière d’un acteur ne semble tenir qu’à sa réputation festive sur les hauteurs de Beverly Hills. Après une trentaine de réalisations, des dizaines de succès critique, Tarantino nous livre ici un film plus personnel, plus libre et surtout plus bouleversant. En effet tout le talent incontestable du maitre dans l’art est de jongler entre vengeance et rédemption symbolique, sous fond d’humour toujours savamment dosé.
Le scénario est merveilleusement bien ficelé, et la réappropriation de l’histoire d’amour entre la (fausse) regrettée Sharon Tate et Roman Polanski est prodigieuse. Et pourtant elle n’est que l’arrière plan d’un scénario encore plus palpitant, encore plus surprenant, celui de Rick Dalton et Cliff Booth, un scénario mêlant une amitié sans faille à celui de la doublure de toujours pour les cascades d’un acteur sur le déclin. Mais point d’un déclin dans ce film, ici Quentin Tarantino ne fait que filmer l’âge d’or révolu d’un Hollywood décomplexé, ou western rime bien souvent avec vedette. Etrangement, les plus belles scènes du film sont celles de Brad Pitt parcourant Hollywood Boulevard au volant de sa Volkswagen Karmann Ghia décapotable ou bien celle de DI Caprio en plein tournage d’un énième nanar comme seule cette période savait en produire. Au premier abord, ce film semble être l’histoire des deux acteurs principaux, autre fois célèbres, aujourd’hui démodés. Mais il n’en est rien. Tarantino connait parfaitement Di Caprio et Pitt et leur livre ici des rôles sur mesure, les rôles de leur vie.
Dans Once Upon Time in Hollywood, la seule arme de Tarantino est ici sa caméra, comme prêt à dégainer à chaque coin de rue, à chaque moment trépident de la vie des deux compères. Les travelling sont magnifiques et sans fioritures, les cadrages parfaits. Les moments de longueurs sont transformés en véritables performances de la part des acteurs, certes basiques mais terriblement efficaces. Ce film n’est pas un Tarantino comme les autres, c’est celui d’un réalisateur qui déclare tout son amour pour un Hollywood révolu. L’Hollywood d’un pays au sommet de son art, au sommet de son 7e art.
La conclusion est à l’image du film, inattendue. Alors que le spectateur lambda s’apprête à voir la secte de Charles Manson à nouveau triompher de ses méfaits, Tarantino arrive encore à nous surprendre dans ce qu’il sait faire de mieux, une scène dénué de sens ou bains de sang et grosses bagarres déjantés prennent le pas. Hollywood peut dormir tranquille, ce soir Sharon Tate a survécu.
Il a été dit que ce film serait sans doute le dernier de Quentin Tarantino, et comme toutes les histoires commençant par « il était une fois », il y a une fin, une fin hollywoodienne.