Contrairement à Anna Karenine , ou à la Dame de Pique (autre récit de Pouchkine), Eugène Onéguine a été très peu porté à l'écran (voire jamais, hors ce film). L'histoire se prêtait pourtant bien au cinéma, Il s'agit d'un récit d'amours contrariées (par la faute même des protagonistes), avec en toile de fond (ou en sous-texte) le thème du bonheur impossible, ou qu'on manque de peu (un peu comme dans Nid de gentilhommes-d'après Tourgueniev). Je ne jugerai pas ici de la fidélité à la lettre de l'oeuvre (que je ne connais qu'à travers l'opéra de Tchaïkovski, au texte paraît-il très proche), mais à l'esprit de ce récit, qui ne me semble pas ici très présent.
Les interprètes de Lenski et Onéguine sont un peu âgés pour leurs personnages (ce n'est pas gênant à l'opéra, un peu plus au cinéma). C'est peut-être dû au parti-pris scénaristique, mais on perd là à mon avis une donnée essentielle . Le comportement des personnages s'explique en partie par leur jeunesse , y compris Onéguine, qui joue les dandys blasés, alors qu'il n'a guère dépassé les vingt ans... ..
Revenons au film : visuellement, c'est très beau, un grand soin a été apporté aux décors et costumes et les acteurs sont bons. Mais ça ressemble à un téléfilm patrimonial de luxe (du prestige, mais pas beaucoup d'âme). On ne s'ennuie pas, mais on n'est guère touchés non plus.Un comble pour une histoire que je trouve très touchante finalement (comme le Nid de gentlhommes, du moins sa version filmée).
On peut regretter qu'aucun cinéaste russe n'ait tenté l'aventure .
Je mets quand même une note au dessus de la moyenne, parce que le film n'est pas mauvais. Mais j'en attendais plus. Un peu plus d'âme russe, peut-être...