Après la parenthèse commerciale de "Drive", Nicolas Winding Refn revient à un style plus expérimental avec "Only God Forgives". Ici, on suit un Américain embrouillé dans une histoire de vengeance à Bangkok, autour de son frère dépravé, sa mère castratrice et froide, et un policier expéditif. On apprécie en premier lieu les visuels superbes du film, qui jouent avec les décors locaux, et les éclairages rougeâtres pesants. Nicolas Winding Refn nous offre en outre des cadrages parfaitement découpés, un montage perturbant, et quelques séquences d'action particulièrement poignantes, avec notamment une violence graphique très prononcée.
Tout ceci crée une ambiance à la fois hypnotique et anxiogène, et permet une narration avant tout visuelle, les dialogues étant limités. On regrette l'intrigue finalement assez simple, mais cela n'empêche pas de développer les personnages, très solidement interprétés : Ryan Gosling en jeune homme forcé à se venger, et qui intériorise toute sa douleur, Kristin Scott Thomas en femme implacable, Vithaya Pansringarm en figure divine et violente. Par ailleurs, outre la vengeance et la justice, le scénario évoque intelligemment le thème de la relation maternelle. A voir.