Only God Forgives par gaelmagnifico
Quand on a adoré Drive comme moi, comment aborder ce film sans un optimisme béat surtout après avoir vu une bande-annonce très prometteuse. Force est de constater que la déception est à la hauteur de l'attente.
Tout n'est pas à jeter dans ce film, il y a de très belles choses et des choses manquées ou hors de portée du spectateur moyen.
Tout d'abord il est indéniable que Refn maîtrise parfaitement l'esthétique et que son directeur de la photographie est un artiste. Autre gros point positif l'utilisation de la musique, selon moi l'illustration sonore est magistrale, digne des plus grandes prestations d'Angelo Badalamenti le compositeur de David Lynch. Les acteurs sont bons également Gosling et le flic (désolé pour mes lecteurs thaïlandais mais c'est trop compliqué d'écrire son nom) dans le mutisme expressif et Kristin Scott-Thomas dans une sorte de vulgarité jouissive (elle est très surprenante). Il y a un mystère dans ce film qui peut être envoutant, des non-dit, des allégories, des images poétiques. Je trouve notamment que la connexion implicite entre Ryan Gosling et le flic est très intéressante tout comme la relation implicitement incestueuse entre la mère et le fils.
La lenteur est une marque de fabrique du réalisateur danois, l'économie de mots aussi autant dire qu'il a poussé ce processus à son paroxysme et c'est cela qui dérange: il est allé trop loin et dans un style trop proche de son film précédent. Même si on voit moins Gosling dans celui-ci que dans Drive le destin des films est directement lié au caractère de son personnage principal: sûr de lui et de sa force dans Drive, plein de questions et en proie au doute dans Only god... Je faisais référence plus haut à Lynch (que j'adore au passage) là encore la filiation est trop prononcée on ne fait plus vraiment la différence entre hommage et plagiat (les longs plans silencieux en caméra subjective, cf Lost Highway). L'ennui qui se dégage de ce film à un moment donné rend malheureusement inutiles les clés que Refn a mis ça et là pour comprendre son film. En ce qui concerne la violence je pense que le réalisateur encore une fois est allé trop loin (personne ne peut me dire le contraire après avoir vu Gosling enfoncer son bras dans le ventre de sa mère morte).
En conclusion je dirais que ce film est un paradoxe, à force de trop vouloir en faire peu le réalisateur en fait trop.
Je vous donne en exclu une scène entre Refn et Gosling:
- tiens Ryan c'est le scénario de notre prochain film
- mais il est où mon texte?
- t'embarrasses pas de tout ça, tu restes debout et tu dis rien pendant 2 heures.
Merci
PS: si tu t'es fait chier pendant ce texte c'est normal moi je me suis fait chier pendant ce film.