Avec du recul, on pourrait presque dire que Drive fut une erreur de parcours dans l'oeuvre de NWR, tant le film était accessible et ne jouant pas tellement sur l'effet de style.
J'ai l'impression que le réalisateur s'en est presque excusé en revenant à son cinéma radical, avec ce film qui rappelle plus la trilogie Pusher, Valhalla Rising ou Bronson. Car il faut le dire ; Only god forgives est ce qu'on appelle un film radical.
Alors, c'est plus court que d'habitude, mais je comparerais ça à une expérience sensorielle, à la croisée des chemins de David Lynch et Gaspar Noé (ce dernier a participé au tournage du film d'ailleurs), avec ces jeux sur les couleurs, sur les silences, sur une certaine forme de lenteur, et le travail sur le son, avec ses basses qui reviennent comme une sorte de torpeur.
En voyant le film, je passais par divers états ; à la fois agacé en voyant certains maniérismes (comme les passages au karaoké que l'on voit in extenso ou ce que j'appelle des plans figés), mais d'autres fois, intéressé par le travail sur le cadre, où chaque chose a l'air d'être à sa place. Je parlais plus tôt d'expérience sensorielle, mais c'est au détriment des acteurs, qui n'ont vraiment pas grand chose à faire, sauf à jouer de leur présence souvent menaçante. On peut quand même dire que Kristin Scott Thomas est glaciale en mère vengeresse, avec quand même un dialogue navrant sur la taille des zizis de ses deux fils.
Je retiens plus Vithaya Pansringarm, qui joue le grand méchant, qui lui aussi ne fait pas grand chose, mais est terrifiant dans sa manière économe qu'il a à tuer (et il va se régaler).
Quant à Ryan Gosling, qui joue celui qui doit venger la mort de son frère, on dirait qu'il sort du tournage de Drive et qu'il a oublié de parler (il doit avoir dix phrases en tout et pour tout). Sans doute est-ce la faute de son balai, car il apparait constipé...
NWR oblige, le film est très violent, mais au fond pas plus qu'un Drive, car le réalisateur joue souvent sur le hors champ pour suggérer ce qui nous est inacceptable. D'ailleurs, il ira même jusqu'à faire des plans très éloignés lors du duel Gosling/Pansringarm, mais on voit très bien que l'un des deux prend cher, avec des coups qui font mal.
Il prend aussi le risque d'une fin assez étrange, mais qui donne le sens au titre du film.
Je pense que ma note est ce qu'on pourrait appeler une réponse de Normand ; ni déçu, ni ravi. Mais ce dont je suis sûr, c'est qu'il me laissera moins de souvenirs que Drive ou, surtout, Vahalla Rising.