Les Hommes, eux, ne pardonnent pas. Ils préfèrent la vengeance.
Ce film de NWR commence dans le sang et finit dans le sang. D'abord, le viol puis le meurtre d'une femme, suivis par l'assassinat du criminel. La suite de ce chef-d'oeuvre sombre, cauchemardesque mais sublime, raconte la guerre que mènent les deux familles (du tueur et du tué) l'une contre l'autre. L'arène de cet affrontement belliqueux est l'une des plus belles photographies que le septième art ait jamais produit. Chaque plan pourrait être une photo. L'histoire, l'enchaînement des séquences, n'est rien d'autre que la galerie d'art dans laquelle NWR nous promène avec lenteur mais sans douceur. On s'arrêteà chaque pièce où on regarde un temps chaque élément avec une intrigante sensation inexplicable, un mélange de dégoût, d'horreur et de jouissance.
NWR utilise la violence et la beauté de l'image pour toucher notre inconscient car il est bien là le but du réalisateur : éveiller nos sens. Ryan Gosling, à qui on reproche à tort d'être trop silencieux, n'est rien d'autre qu'une composante esthétique de certains tableaux d'Only God Forgives, un morceau du décor comme un autre, avec sa beauté mystérieuse et ses secrets. Son mutisme est nécessaire car il n'est rien de plus et ne doit rien être de plus qu'un morceau de toutes ces images construites avec tant de soins.
Il faut voir en ce film un hommage au cinéma muet, qui en aurait été l'une des œuvres si les producteurs avaient laissés faire NWR et Gosling selon leurs envies. Un hommage au film noir également, où les différentes étapes de l'histoire se laisseraient comprendre sans dialogue, avec une poésie simple et pure accompagnée d'un goût très actuel, celui pour l'ultraviolence. Un hommage aux jeux vidéos enfin, avec les passages à la première personne et un seul sujet : des mains qui doivent devenir poings et se battre contre ceux qui parlent trop. Wanna fight ?