Adam (Tom Hiddleston) et Eve (Tilda Swinton) "font continent à part" puisque l'un réside à Detroit aux Etats-Unis, et l’autre à Tanger au Maroc. Après avoir vécu plusieurs siècles et influencé les carrières de nombreux musiciens et scientifiques ou écrivains célèbres, Adam est devenu un musicien reclus et passe son temps à rechercher "le" son juste à partir d'instruments de musique anciens et de matériel d’enregistrement démodé. Il fuit aussi bien la compagnie de ses congénères que des humains, qu’il appelle des "zombies" et rend responsables de la dégradation du monde. Il ne sort que rarement de sa tanière, aménagée dans un bâtiment désaffecté de Detroit, pour s'approvisionner en poches de sang dans un hôpital.
Son seul visiteur est un jeune humain du nom de Ian (Anton Yelchin) qui lui déniche les guitares les plus rares et hors de prix et les pièces indispensables pour réparer ses instruments. Dans l'idée d'en finir avec une existence qui s'étire en longueur, Adam demande aussi à Ian de lui procurer une balle taillée dans le bois le plus dur.
Ayant acquis de nombreuses connaissances scientifiques au fil des années, Adam a amélioré l’une des inventions de Nikola Tesla pour produire une énergie universelle avec laquelle il alimente à la fois son domicile et sa voiture.
Malgré sa nature solitaire, il est immensément riche et reste un musicien populaire. Ses nombreux fans spéculent sans cesse sur son sort et sa vraie identité. Adam est excédé quand certains d'entre eux sonnent à porte un soir après avoir trouvé son adresse. Mais, profondément pacifiste, il ne prend pas contre eux de mesure de rétorsion et ils finissent par se lasser et partir.
Quant à Eve, son alter ego féminin, elle vit dans la casbah de Tanger. Elle se procure son sang auprès d'un autre vampire, Christopher Marlowe (John Hurt). Lors d'un appel téléphonique à Adam, elle comprend qu'il est dans une phase de dépression encore plus profonde qu'à l'habitude et craint qu'il ne se suicide. Elle prend donc un avion (de nuit) pour Detroit et vient le retrouver. Les amoureux sont réunis et heureux, appréciant la compagnie de l'autre, buvant des verres de sang, jouant aux échecs, dansant sur de la musique, et traversant de nuit la ville déserte de Detroit dans la voiture de sport "vintage" d'Adam.
Peu de temps après l'arrivée d'Eve à Detroit, sa jeune sœur, Ava, arrive de Los Angeles. Cette arrivée impromptue, qui dérange son intimité avec Eve et sa tranquillité n'enchante pas Adam. Alors que les deux amants sont éduqués et font tout pour se fondre dans le décor, Ava n'est pas "sobre" et elle se shoote au sang humain comme d'autres à l'héroïne. Un soir, elle convainc le couple de sortir dans une boîte que fréquente Ian. Mais, après avoir couché avec lui, elle le vide de son sang. Adam, furieux, chasse Ava puis, après s'être débarrassés du corps, Adam et Eve quittent Detroit pour Tanger.
Arrivés au Maroc, ils sont l'un et l'autre très affaiblis par le voyage et le manque de sang. Ils essaient de s'en procurer chez Marlowe, le vieil ami d'Eve, mais ils le trouvent au seuil de la mort car il a été empoisonné par du sang contaminé. A court d'argent et en manque de sang, le couple semble résolu à se laisser mourir mais l'instinct de survie est le plus fort et, après avoir vu un couple d'amoureux isolés, ils les tuent. "Est-ce que nous avons le choix?" conclut, désabusé, Adam.
Mon opinion sur ce film
Bien que grand amateur de fantastique, je ne serais pas allé voir ce film si je n'avais lu plusieurs critiques élogieuses, aussi bien de professionnels (Télerama, article de Louis Guichard dans le n°3345, 22-28/2/2014) que d'amateurs de cinéma. Quelle déception ! Je dois reconnaître que je n'ai jamais été un grand fan de Jarmusch dont les films précédents m'ont, au mieux, ennuyé et, au pire, excédé. Celui-là se place plutôt dans la deuxième catégorie. A part par pur snobisme, afin de pouvoir dire au cours d'un cocktail : "J'ai dééétesté les vampires asexués de Twilight mais j'ai adôôôré ceux de Jarmusch !!!", j'ai du mal à comprendre qu'on puisse apprécier un tel film. Lent, plat, ennuyeux, bourré de poncifs (au moins, dans Twilight, les vampires, bien que blafards peuvent s'exposer au soleil!) tout y est. On a très vite compris le propos du réalisateur : tout créateur, toute création est vampirique. Tout créateur, qu'il soit un inventeur, un peintre, un musicien ou un écrivain s'inspire ("vampirise") ses prédécesseurs. Mais deux heures pour dire cela, n'est ce pas un peu trop ? Quant à la bande son tant encensée par les critiques, à part le dernier morceau de la chanteuse arabe accompagnée par un "oud" (sorte de luth) entendue dans un café de Tanger, je l'ai trouvée difficilement supportable, à commencer par les créations dissonantes d'Adam. Encore un mot, et ce sera le dernier sur ce film qui, me semble-t-il, ne mérite pas tant de commentaires, l'acteur dont on se souviendra est le remarquable Anton Yelchin, qui joue le rôle de Ian.