Only lovers left Alive est mon premier film de Jim Jarmush. Avec lui, je me suis lancé à la découverte d'un univers des plus atypiques.
Quelque chose d'unique se dégage de ce long-métrage, de l'ordre du mystique teinté de nostalgie, où règne une osmose entre la forme et le fond.
Nous suivons le quotidien d'êtres immortels ayant passé les siècles, et qui ont par conséquent tout le temps devant eux. C'est donc à leur rythme que le film va se dérouler, dans une constante tranquillité, sans véritable enjeu dramatique ni rebondissement théâtral. Le rythme est parfois proche de l'amorphisme, ce qui peut en décontenancer plus d'un. Cela étant, ce temps nous permet de pleinement apprécier le style visuellement léché du film.
Pour ce qui est du fond lui-même, disons qu'il reste plutôt léger et superficiel, mais n'a pas vocation à être davantage que cela. L'histoire des personnages se construit au détour de quelques répliques, non sans être ponctuées d'une touche d'humour et de cynisme. Les protagonistes livrent une vision "crépusculaire" de l'humanité autour d'eux, laquelle gâche constamment son potentiel et son talent au fil des âges. Du reste, les informations sur cet univers cryptique ne nous seront données qu'au compte-goutte, ce qui laisse toute place à l'imagination fertile du spectateur.
Tilda Swinton et Tom Hiddelston dégagent un vrai magnétisme à l'écran, et sont absolument parfaits dans leurs rôles d'êtres échappant à toutes les règles des hommes et du temps.
Noctambules avides, ils préfèrent se réfugier dans la musique et le sang pour ne pas trop céder à la passion, canaliser leurs pulsions meurtrières et planer jusqu'au bout de la nuit. Chaque cure d'hémoglobine semble relancer ce trip infini, comme le vinyle sur un tourne-disque. Mais seul l'amour constitue le véritable remède à l'immortalité.
La bande-son contribue également à apposer une ambiance particulière, à la fois à contre-courant, torturée mais d'où une beauté mélodieuse transparaît pourtant. Le spectateur peut donc se laisser bercer par cette musique qui à défaut d'être particulièrement agréable à écouter, interpelle l'oreille et apaise l'esprit.
Ainsi, Only Lovers left Alive propose une virée nocturne sous forme de balade contemplative, qui risque de perdre les spectateurs les plus somnolents mais nous laisse rêveur.