Génération romantico-dépressive
Où sont passés les vampires trop parfaits, pétris d'amour, gloire et beauté à la sauce Twilight ? Le réalisateur Jim Jarmusch s'amuse à briser notre vision fantasmagorique du mythe vampirique et raconte une fable inhabituelle.
C'est l'histoire d'un couple de vampires décalés à souhait, qui survivent tant bien que mal à la vie moderne, notamment pour trouver du sang frais qui ne soit pas contaminé. Adam (Tom Hiddleston en aristo charmant qui se balade souvent torse nu dans son appart rétro) ne cesse de se plaindre des "zombies" (les hommes). Il vit en reclus avec sa musique. Suicidaire sur les bords, il souhaite en finir avec sa "non-vie". Mais sa bien-aimée, Eve (Tilda Swinton), le rejoint et va le dérider quelque peu. Évidemment, quand la petite sœur de cette dernière débarque à l'improviste, on peut se douter que ça va mal tourner...
L'ensemble est surprenant et visuellement très soigné (décors, plans) malgré un scénario défaillant. Les personnages et leurs relations auraient mérité un développement plus poussé.
Ce n'est pas un film d'amour au sens classique du terme, mais un film sur la condition humaine, l'épreuve du temps, la force des liens entre les êtres, le désenchantement. Le rythme est lent, à l'image des personnages que la vie moderne rend apathiques, comme anesthésiés. La musique est entêtante, sirupeuse, le décor est quant à lui impressionnant (les appartements remplis d'objets hétéroclites).
J'ai vraiment apprécié toutes les références littéraires, l'humour noir, les jeux de mots, le comique de situation. Le film réunit un beau casting. John Hurt en Christopher Marlowe décriant Shakespeare, il fallait oser. C'est une œuvre qui se démarque totalement par son esthétique singulière et son caractère philosophique. Une curieuse découverte.