Environ 700 films sur les vampires ont été réalisés depuis les débuts du cinéma ! Un chiffre considérable qui prouve l’attrait du 7ème art pour les suceurs de sang. Mais après 120 ans d’existence, est-il possible d’exploiter la légende vampirique sur grand écran sans tomber dans le lieu commun ? En effet, des innombrables versions de Dracula aux sagas Twilight, Blade, Underwold en passant par Entretien avec un vampire ou Dark shadows, le mythe semble avoir été surexposé au cinéma (sans compter les nombreuses séries télévisées sur cette thématique). Pourtant après Morse de Thomas Alfredson en 2008 (qui abordait le sujet de manière originale et méditative), c’est au tour de Jim Jarmusch avec Only lovers left alive de revisiter singulièrement la mythologie vampirique. Sous le regard du réalisateur, les vampires ne sont plus des morts vivants assoiffés de sang humain mais des êtres cultivés, mélancoliques, désabusés par l’état du monde actuel. Esthétiquement, l’œuvre est sublime (couleurs chatoyantes, clairs-obscurs magnifiques, musique enivrante), les plans contemplatifs magistraux reflétant parfaitement le spleen de ses personnages. Mais là où d’autres esthètes se seraient arrêtés à cette simple beauté formelle, Jim Jarmusch compose, lui, un récit, certes lent, mais captivant, drôle et subtil, abondant de références sur l’histoire des hommes et de l’art. Poétique et délicat, Only lovers left alive est donc un ravissement qui, à l’inverse de ses amants désenchantés, redonne espoir et foi en l’art cinématographique.
Zoom sur … Le festival Télérama
Du 21 au 27 janvier, se déroule dans plus de 250 cinémas en France, la 18ème édition du festival Télérama. Ce dernier vous permet de revoir sur grand écran les 16 meilleurs films de l’année (selon la rédaction de l’hebdomadaire) pour seulement 3.50 euros (sur présentation du pass disponible dans le Télérama du 14 ou 21 janvier). Les Amphis à Vienne vous proposent ainsi sept des films choisis, parmi les meilleurs de la sélection, dont les magistraux Mommy de Xavier Dolan et Only lovers left alive de Jim Jarmusch. Vous retrouverez aussi des films moins saisissants mais tout de même réussis comme Eden de Mia Hansen Love qui parcourt l’histoire de la French Touch (artistes de musique électronique comme les Daft Punk) ou encore le Saint Laurent de Bertrand Bonello contant la vie tourmentée du célèbre couturier. Deux œuvres plus intimistes, esthétiquement sublimes, sont aussi à l’affiche : Eastern boys de Robin Campillo (abordant les thèmes de l’immigration et de l’homosexualité) et Under the skin de Jonathan Glazer (revisitant le motif de l’extraterrestre) ainsi qu’un documentaire admirable sur les sans-abris : Au bord du monde de Claus Drexel. Une semaine exceptionnelle donc qui met pour une fois à l’honneur de multiples œuvres art et essai comme c’est malheureusement trop rarement le cas dans de nombreux cinémas.