Nous disparaissons. Avec nous l’eau qui nous compose, l’air que nous respirons, la beauté qui nous nourrit. L’astre brillant dont nous ne connaîtrons pas le son, au-dessus de nos têtes pâles, nous regarde finir. L’insipide et la bêtise rongent nos organes fragiles, et le lent écoulement de bile noire que nous inspire encore nos faibles échos pour la pureté, pleure en dedans et nous mène titubant, vers la dernière aurore. Seuls les amants seront épargnés. Doucement, dans la torpeur de Detroit ou de Tanger, dans les avions ou les accords des guitares passées, parmi les vers du grand Marlowe, sans se battre ni prier, seuls les amants seront épargnés.