De ce film à l'esthétique sublime, se dégage un profond sentiment de solitude.
Baignée d'une faible lumière, l'ambiance feutrée, l'atmosphère poussiéreuse, nous enivre du parfum capiteux des maisons ou ne vivent plus que les souvenirs. La musique lancinante nous plonge avec volupté au coeur d'un tableaux hypnotique aux couleurs profondes et moirées.
Les deux amants sont autant vieillards nostalgiques s'ennuyant avec élégance qu' adolescents désabusés.
Leurs appartements respectifs ressemblent à de vieux greniers d'antiquaires débordants de trésors jetés de ci de là, de belles pièces, de tissus précieux, de livres sans âges.Paradoxalement Adam ressemble à s'y méprendre à un adolescent torturé, désabusé, se prélassant dans un spleen romantique presque attendrissant , alors qu'il est vieux de plusieurs siècle. Adam est le cliché du génie incompris,cheveux gras et guitare en main, suicidaire et fataliste.Eve dégage un calme majestueux ,une sorte de sage résignation .
En les voyant trainer comme deux âmes en peine, de nuit, on pense à deux adolescents qui s'ennuient, dans un trou perdu ou il n'y a rien à faire..Le film est lent, comme leurs jours semblent l'être.Et ils n'essaient même pas d'échapper à cet ennui, à cette solitude si pesante, ou si peu.
On ne s'attache pas aux personnages. Sauf peut être à ce que renvoie la relation d'Adam et Eve. Cette relation d'amants qui confine presque à celle d'un frère et d'une soeur tant le lien est puissant.
Et cette distance est nécessaire, pour le spectateur.
Il s'agit plus d'un film sur le temps, qui s'étirent indéfiniment, que sur nos deux amants. Le temps semblent tourner en boucle sans jamais s'arrêter.
Pour tout dire, c'est un film magnifique, qui se savoure, s'observe comme une oeuvre d'art.
Mais si l'impatience vous guette, si vous chercher à tirer une quelconque leçon de ce film, vous n'y êtes pas.
La seule chose dont j'ai la confirmation, c'est que je ne voudrais jamais, au grand jamais, être éternelle.