Les Westerns. Un genre éculé où rien de bon ne peut plus sortir, et c'est généralement ce que je pense. Si j'ai plaisir à revoir les séries de Sergio Leone, pour le reste j'ai tendance à m'y ennuyer profondément.
Open Range n'échappe pas aux règles du Western, et pour le mieux. Grands espaces, romances, affrontements viriles, histoire de vaches, canardage sauvage tout y est. Mais ici tout y est en subtilité (sauf le canardage... quoique). L'homme, pionnier de ces territoires est humble devant la nature non domptée. Le film démarre d'ailleurs par rappeler cette petitesse face à l'orage tout puissant. Mais l'homme est tout aussi petit vis à vis de sa propre nature. Sa faiblesse intrinsèque, qu'il tente de masquer sous une apparence désinvolte et brutale, est omniprésente dans ce Western de Kevin Costner. Que ce soit face à leurs destins supposés, leurs peurs, leurs angoisses ou leurs doutes, les personnages du film sont ballotés et hésitent sur la conduite à tenir. Perdus, ils font au mieux.
On évite ici le poncif des années 60-70, trop facile, à savoir le recours à Dieu qui est nettement mis de côté. Cela ouvre un espace non négligeable sur notre humanité profonde qui est aisément labouré par l'auteur.
Ni trop lourd, ni trop léger, ce Western est de bonne facture. A multiples niveaux d'appréciations, il peut se laisser voir en toutes circonstances. Le jeu est parfait. La réalisation ne brille pas sans être absente. Bref, un bon moment qui sent bon, le crottin, la bouse, la poudre et l'herbe de la prairie.