Where's the boat? That's a good question!
Un couple bouffé par les tracas du quotidien et stressé par un boulot prenant décide sur un coup de tête de prendre des vacances afin de se s'adonner aux joies de la mer, de la plage et du farniente.
Mais malgré le décor paradisiaque nos deux tourtereaux n'ont plus grand-chose à se dire ou à partager: chacun s'enferme dans ses activités, malgré une timide complicité qui les lie encore.
C'est avec un petit bisou furtif par-ci par-là, un manque de libido et une communication qui fait défaut qu'un mur les définit... Bref, plus de lune de miel à l'horizon.
Passionnés de plongé, ils débutent leur congé en partant en excursion avec un groupe d'autres mordus de la mer.
Recroquevillés dans leur bulle au lieu de se mélanger aux autres plongeurs qui rient et discutent ensemble sur le bateau, le réalisateur insiste encore une fois sur la distance qu'il met en lumière depuis le début de son film.
S'en suit quelques scènes d'émerveillement à la rencontre des coraux, murènes et autres poissons. Que c'est beau.
Mais manque de bol: le super-organisateur de l'excursion se plante dans le compte des participants et oublie le couple...
Et là... surprise! Quand les deux apprentis plongeurs reviennent à la surface il n'y a plus de bateau.
Ils se retrouvent à deux. Seuls au monde. En plein océan. Au milieu de nulle part.
Ils sont désormais collés l'un à l'autre et c'est un revirement d'une grande force dans le scénario.
En effet, la distance a fait place au rapprochement. Un rapprochement extrême vu que, apeurés par l'eau infectée de requins et autres terreurs de l'océan, le couple n'ose à présent plus se quitter.
Du coup, les non-dits que nos deux protagonistes n'osaient s'avouer sur la terre ferme ressortent enfin à la surface.
Ce huis clos forcé exorcise également une ribambelle d'émotions auxquelles le couple -d'ordinaire effacé- laisse libre cours en pleine mer.
Bref, un film truffé de symboles forts.
Au niveau filmique c'est du quasi-documentaire: rares sont les effets spéciaux, rare est la musique. On assiste à l'enfer avec un réalisme époustouflant. Pas besoin ici de grands artifices pour avoir la trouille!
Il s'agit en effet ici d'une pseudo-vidéo amateur d'un qualité parfois douteuse. De quoi ajouter encore un brin de réalisme. En gros, c'est un « home movie » efficace, un peu à la « Blair Witch ».
Ces deux films sont basés sur des faits réels, dit-on. Est-ce vrai ou est-ce une tactique commerciale pour nous faire davantage peur?
Quoi qu'il en soit, un spectacle hollywoodien semble dans ces deux cas bien superflu pour qu'on se retrouve à boire la tasse avec eux, terrifié...
Cette mise en scène « petit budget » se contente en somme de très peu d'éléments: l'océan en tant que personnage principal, le couple et les requins. Et ça marche!
De plus, ce film nous fait réfléchir sur l'importance qu'on accorde aux choses par le biais de l'identification: les tracas du quotidien qui bouffaient le couple ou leurs désaccords semblent bien futiles face à l'horreur de la mer.
Comme dans « Cast Away » ce que le couple prenait pour acquis semble désormais un luxe inaccessible: boire, manger, dormir ou faire la fête.
Une belle leçon de vie en somme!
Morale de l'histoire: pour « tester » votre couple, n'allez plus à « l'Ile de la Tentation » mais tentez plutôt les « joies » de l'océan...